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Crise : la Grèce peut prendre exemple sur l’Argentine de 2002

L'ancien ministre de l'Economie argentin, Roberto Lavagna, a sorti son pays de la crise en 2002, en se passant des services du FMI. Lorsqu'il prend ses fonctions, en avril 2002, le peso est dévalué de 70%, le pays est en cessation de paiement, la dette privée s'élève à plus de 72 milliards d'euros, l'inflation annuelle flirte avec les 125% par an, le chômage explose, les petits épargnants sont ruinés et les troubles sociaux ont déjà fait plus de 30 morts dans le pays. Il préconise les mêmes solutions pour la Grèce :

A"Au plan économique, tout est semblable. L'Argentine avait établi une parité fixe entre le peso et le dollar, la Grèce est ficelée à l'euro, perdant ainsi le contrôle de sa monnaie. Un taux de change fixe associant des pays à forte productivité et d'autres dont la compétitivité est beaucoup plus faible ne peut qu'engendrer une crise. La Grèce est déjà dans sa quatrième année de récession, l'Argentine l'était également. Le déficit fiscal, le déficit des comptes courants, la chute vertigineuse du PIB, l'endettement, l'explosion du chômage… toutes les grandes données macro-économiques sont similaires. En revanche, la situation sociale de la Grèce est bien meilleure que celle de l'Argentine à l'époque. Au plan institutionnel, l'Argentine était par ailleurs un pays isolé alors que la Grèce fait partie de l'ensemble économique le plus puissant du monde.

Comment avez-vous tiré l'Argentine du chaos ?

Dès mon entrée en fonction, en avril 2002, j'ai décidé de changer radicalement notre manière de penser la sortie de crise.. Le mois suivant, j'étais à Washington pour rencontrer les dirigeants du Fonds monétaire international et leur expliquer que nos rapports allaient s'en ressentir. Depuis le début du marasme économique, en 1998, nous avions déjà eu deux programmes du Fonds pour un total de 51 milliards d'euros. Les deux ont été des échecs retentissants et certaines voix s'élevaient pour demander une troisième tournée de quelque 17 milliards supplémentaires.

Je n'ai pas voulu suivre cette voie et j'ai expliqué au Fonds que nous ne voulions plus de prêt et que nous sortirions seuls de la crise. La seule chose que j'ai demandé était un roll over partiel de toutes les échéances. Je me suis également engagé à payer les intérêts de la dette et une partie du capital. Mais pas tout et pas tout de suite. Cette position était tout simplement impensable pour le FMI car nous affichions notre volonté de fixer nous même notre propre politique économique. J'ai du leur expliquer trois fois de suite ma position avant qu'ils finissent par comprendre. A partir de là nous avons arrêté de soutenir financièrement les banques alors que le FMI nous l'imposait, exigeant même que nous privatisions la Banque de la Nation. Mais comme nous étions sorti du jeu, le Fonds n'avait plus de moyen de pression sur l'Argentine!

Vous avez donc oeuvré contre le FMI et vos principaux créanciers ?

Le sorties de crise se font en dehors des chemins tracés par le FMI. Cette institution propose toujours le même type de contrat d'ajustement fiscal qui consiste à diminuer l'argent qu'on donne aux gens – les salaires, les pensions, les aides publiques, mais également les grands travaux publics qui génèrent de l'emploi – pour consacrer l'argent économisé à payer les créanciers. C'est absurde. […] On préfère sauver les banques plutôt que les gens qui ont des crédits immobiliers à rembourser. La première chose qu'on a faite nous, c'est de rallonger les échéances pour les propriétaires endettés. Les fonctionnaires du FMI nous ont alors dit que nous violions les règles essentielles du capitalisme! Ils oubliaient simplement que des gens ruinés ne consomment plus, ce qui obère une relance par la croissance.

Au lieu de payer les banques, la Grèce devrait investir dans l'éducation, les sciences et la technologie, financer des infrastructures et récupérer ainsi une certaine productivité, ne serait-ce que dans les secteurs des services ou du tourisme."

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6 commentaires

  1. “Cette position était tout simplement impensable pour le FMI car nous affichions notre volonté de fixer nous même notre propre politique économique.”
    C’est bien là le crime: des gens qui veulent penser par eux-mêmes alors qu’on pense pour eux.
    L’urgence est bien de reprendre de l’autonomie.
    Et tant pis pour les quelques nantis (financièrement ou intellectuellement) qui y laisseront des plumes.
    Quand on participe à un jeu à somme nulle, s’il y en a qui gagnent, d’autres perdent.
    Mais tous les jeux sont-ils à somme nulle?

  2. On pourrait surtout prendre exemple sur l’Islande; ce petit pays a vu sa population ejecter les politiciens corrompus, les nouveaux ont laissé les banques faire faillite et l’Islande s’est redressée à une vitesse stupéfiante: sa note vient d’être relevée par S&P.

  3. “Je me suis également engagé à payer les intérêts de la dette et une partie du capital. Mais pas tout et pas tout de suite.” : donc on emprunte, mais on ne rembourse pas, ce qui effectivement est très pratique. En se justifiant sur le fait que les prêteurs sont des “nantis”, autrement dit des exploiteurs du peuple, des capitalistes. C’est du pur marxisme, et en bon français du vol. Ensuite bien sûr, même si on n’en a besoin il ne faut plus avoir besoin d’emprunter puisque personne ne vous prêtera. La méthode de redressement de l’Argentine a consisté à emmener l’Argentine au fond du trou, ce qui est aussi une solution.
    Le problème de la Grèce est un problème structurel de gens qui vivent au-dessus de leurs moyens grâce à l’emprunt, mais surtout à un état digne d’un état du tiers-monde, inexistant à faire respecter les règles, et corrompu jusqu’à la moelle. La plupart des Grecs trichent, ce qui ne portait pas à conséquence quand tout allait bien. Ce ne sont pas les banques qui ont coulé la Grèce, mais une classe politique pourrie, comme en France d’ailleurs, en pire.

  4. Conséquence, l’Argentine qui est en train de finir de rembourser ses créanciers, grâce à une forte croissance due aux exportations, a eu une note pourrie pendant des années (elle vient de passer de B- à B), empêchant l’emprunt (dont les politiciens ne voulaient plus de toute façon entendre parler), ce qui s’est ressenti considérablement sur l’investissement et donc l’avenir du pays.
    Autre inconvénient du système adopté, une inflation très forte, caractéristiques des pays pauvres.
    Deux différences avec la Grèce, l’Argentine a un potentiel exportateur que la Grèce n’a pas. Deuxième différence, l’Argentine se trouve dans une zone à très forte croissance, ce qui n’est pas le cas de la Grèce, c’est le moins que l’on puisse dire. Le redressement de l’Argentine s’est donc fait grâce à des constantes qui lui sont très largement extérieures.
    Quant à nous expliquer qu’il faut aider les pauvres et ne pas faire maigrir l’État, mais qu’en réalité tout se paye, les services publics argentins sont dans un état lamentable, ce qui se fait d’abord sur le dos des pauvres.
    Le problème de la Grèce, c’est l’ÉTAT ! Comme souvent d’ailleurs : trop d’État, pas assez d’État… Le juste milieu difficile à trouver. Mais la première raison c’est l’immoralité, l’égoïsme, le matérialisme et la corruption de la classe politique et soyons honnêtes, d’une bonne partie du peuple. On en revient toujours aux fondamentaux moraux d’une civilisation.
    http://www.awex.be/fr-BE/Infos%20march%C3%A9s%20et%20secteurs/Infosmarch%C3%A9s/Argentine/Pages/Conjonctureeconomique.aspx
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/08/02/04016-20100802ARTFIG00513-l-argentine-ne-connait-pas-la-crise.php

  5. je m’excuse d’avoir écrit “civilisation”, ce qui fait de moi un raciste xénophobe ennemi de la diversité dans toute sa richesse

  6. Mikis Théodorakis a bien résumé les causes de la déchéance provoquée de la Grèce.
    La finance apatride et les coups bas du FMI sont à vomir.

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