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Bioéthique / Culture de mort : Eugénisme

Christine Boutin : le pacs, le mariage pour tous, la PMA et, demain, la GPA. Tout est lié.

Christine Boutin : le pacs, le mariage pour tous, la PMA et, demain, la GPA. Tout est lié.

Christine Boutin a été interrogée par Le Point, qui lui demande si elle a été surprise par le vote de la loi bioéthique :

Non, car je n’en suis pas surprise. J’ai dénoncé cette logique dès les premières lois bioéthiques, en 1994, quand la création d’embryons surnuméraires a été autorisée. Nous sommes alors entrés dans une réflexion qui changeait complètement notre regard sur l’homme et le respect de la vie, et j’ai vu très nettement, à l’époque, ce qui allait se passer : le pacs, le mariage pour tous, la PMA et, demain, la GPA. Tout est lié. En un sens, j’ai été visionnaire !

Comment cela ?

Il était évident qu’en créant ces embryons, en 1994, la question allait rapidement se poser de savoir ce qu’on allait en faire ! Bien sûr, à ce moment-là, on nous a promis qu’on n’en ferait rien, qu’il s’agissait seulement de les observer. Mais quand il y en a eu plus de 200 000 dans des boîtes, le désir (légitime !) des chercheurs de les manipuler est venu. Et on a donné l’autorisation de céder l’embryon à la recherche. Il était logique qu’on avance en même temps sur la procréation. C’est la raison pour laquelle, en 1999, je me suis opposée au pacs. J’étais favorable à ce que l’on établisse l’égalité entre les couples hétérosexuels et homosexuels, mais pas à ce que l’on crée un statut qui allait permettre, à terme, la procréation.

Vous vous opposiez à la PMA, y compris pour les couples hétérosexuels stériles, quand la majorité des Français étaient pour. Aujourd’hui, six Français sur dix sont favorables à son extension aux couples de femmes et aux femmes seules. La société a su évoluer… Pas vous ?

Je ne crois pas du tout être en retard sur la société. Je crois au contraire être en avance. Mais les Français ont abandonné la réflexion sur ce sujet difficile. Quand l’assistance médicale à la procréation a été autorisée, j’ai prévenu Édouard Balladur. « Si vous faites passer ce texte, vous ne serez pas élu. » Et il m’a répondu : « Mais, Christine… Si ma fille était stérile, je ne pourrais pas l’empêcher de faire une PMA ! » Nous avons refusé d’ouvrir une réflexion sur la souffrance. Comment voulez-vous que les Français puissent être contre le fait que l’on guérisse une souffrance ? C’est impossible. D’autant plus que c’était présenté comme une avancée scientifique, un facteur de progrès. Mais la réussite technique n’est pas obligatoirement signe de progrès ! On n’a donné aucun élément aux Français pour qu’ils puissent comprendre, en conscience, ce qui était en jeu. J’en suis d’autant plus triste, et désolée, que je suis toujours convaincue que c’est une erreur profonde.

Les spécialistes estiment qu’entre 3 000 et 7 000 couples de femmes ou femmes seules pourraient recourir à la PMA chaque année, sur plus de 750 000 naissances. Le refus de la gestation pour autrui (GPA : les mères porteuses) a été réaffirmé. Vos craintes ne sont-elles pas excessives ?

Le nombre n’importe pas dans cette affaire, c’est la philosophie, la rupture qui est entraînée par cette autorisation qui déstabilise l’ensemble de la société. Je sais combien souffre un couple qui veut des enfants et qui ne peut pas en avoir. Mais croire qu’on va éradiquer la souffrance est une erreur absolue, un mensonge. Et la PMA n’est pas un parcours de santé, c’est un processus douloureux. Quel regard porte-t-on sur l’enfant lorsqu’on sait qu’il y a eu un tri d’embryons ? Et se pose aussi la question du désir : est-ce que tous les désirs doivent être satisfaits ? Est-ce la société que nous voulons ? Quant à mes craintes sur la GPA… Comment voulez-vous que je puisse croire dans des garanties que, depuis 1993, on nous a données à chaque révision des lois de bioéthique, et qui ont été supprimées cinq ans plus tard ?

Vous restez convaincue que la GPA sera autorisée ?

C’est une évidence. On ne peut pas, avec nos principes de droit, refuser cette égalité aux hommes. Ce serait d’ailleurs une injustice énorme. Alors, on y va ! Et tous ces éléments ne sont que des étapes pour aller vers quelque chose qui me fait horreur, et qui fera horreur aux Français quand ils le réaliseront : la sélection. Nous entrons dans un eugénisme réel. Le diagnostic préimplantatoire va permettre d’éliminer la trisomie 21. Puis, on n’aura plus besoin du corps de la femme pour avoir des enfants. L’utérus artificiel, qui est quasiment opérationnel, sera mis en place. Et à ce moment-là, on trouvera des alliés pour faire en sorte que la procréation se fasse en dehors du rapport humain. On choisira le bon embryon en fonction des besoins économiques, sociologiques…

Est-ce que vous ne versez pas dans la science-fiction ?

C’est sans doute ce que se disent vos lecteurs : Boutin est folle ! Mais Boutin, en 1993, elle parlait de l’interdiction des chimères. J’avais déposé un amendement pour cela. On m’a traitée de cinglée ! Et aujourd’hui, que voit-on ? On débat de l’autorisation d’insérer des cellules humaines dans des embryons d’animaux. La chimère homme-animal était dans le texte ! Je l’avais prédit. Ce n’est pas agréable du tout, mais je crois avoir été visionnaire sur l’évolution de ces textes bioéthiques. La PMA post-mortem, le don de gamètes entre deux femmes ont été interdits cette fois-ci… Mais ils reviendront dans cinq ans, et comme la GPA, ils seront votés. […]

Je vous le dis : demain, l’utérus artificiel permettra la sélection génétique. Il y a, pour moi, un reniement de l’identité française, qui est celle des droits de l’homme. Cela se fait petit à petit, avec le consentement ou le silence de tous, mais nous y arrivons. Et on montrera cela comme une libération de la femme, qui n’aura plus la contrainte de la maternité pour son activité professionnelle. Une véritable égalité sera alors rétablie entre les hommes et les femmes. […]

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