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Liberté d'expression

Chez LCI et David Pujadas, Alain Finkielkraut et Docteur Maboula

Chez LCI et David Pujadas, Alain Finkielkraut et Docteur Maboula

Il y a des échanges dont il faut garder le verbatim car ils renseignent mieux que beaucoup de discours sur l’état de ce à quoi on tient : la France et sa civilisation. Et il faut remercier LCI et D.Pujadas pour le débat qui avait été proposé ce 13 novembre sur le thème : Toutes les opinions sont-elles bonnes à dire ? 

Plusieurs intervenants bien sûr, comme

  • Jean-Marc Dumontet, producteur de spectacles et habitant sans doute une autre planète (Je revendique le politiquement correct. Car le politiquement correct, c’est aller vers une société plus civilisée. Je suis pour le politiquement correct car c’est une société de bienveillance ; alors même que Mr. Finkielkraut lui rétorquait :

« le politiquement correct, ce n’est pas la bienveillance, c’est l’extension démente du domaine du racisme, du sexisme et de l’homophobie. C’est la méfiance. Une manière de rendre la conversation civique absolument impossible. C’est le calvaire de la pensée »

et que le philosophe Roger-Pol Droit, invité en fin de débat à en retirer quelque enseignement soulignait l’hyper-excitabilité et l’hyper-irritabilité dans laquelle chacun veut défendre son périmètre de victime offensée et où a disparu la possibilité de rire de soi et de rire avec les autres) ;

  • Lydia Guirous essayiste précise et exigeante (Mon engagement est contre l’islam politique ;  je crois que c’est un devoir aujourd’hui de critiquer le voile en France. Le voile est un outil de soumission des femmes. Aujourd’hui c’est un devoir pour toutes les femmes de France de critiquer et de se lever pour faire reculer le port du voile dans notre société) ;
  • Philippe Geluck le dessinateur du Chat, qui, à propos de R.Polanski, a peut-être bien fait dresser l’oreille dans certain beau quartier de Paris (« Un enfant qui est en-dessous de la majorité sexuelle et qui est abusé, c’est un crime, point barre » a-t-il dit. Une décision du Conseil constitutionnel a donné de la majorité sexuelle la définition suivante en 2012 : l’âge à partir duquel un mineur peut valablement consentir à des relations sexuelles avec une personne majeure à condition que cette dernière ne soit pas en position d’autorité à l’égard du mineur) ;
  • Emmanuel Pierrat, avocat spécialiste paraît-il de la liberté d’expression (sauf pour E.Zemmour et le RN au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté) ;
  • l’avocat Francis Szpiner (Quand je vois des femmes avec l’abbaya, j’y vois l’uniforme de l’ennemi, celles qui sont du côté de Daech) ;
  • Caroline de Haas la méprisante (ancienne du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, ayant participé à la Marche contre l’islamophobie et ayant proposé d’élargir les trottoirs Porte de la Chapelle pour régler les incivilités à l’égard des femmes dans ce quartier à forte présence arabo-musulmane).
  • Bien sûr M. Finkielkraut, toujours disponible pour le débat, avec son petit cahier de citations.
  • Et enfin, Docteur Maboula.

Voilà une découverte : Maboula Soumahoro, présentée par D.Pujadas comme universitaire, maître de conférence à l’université de Tours, spécialiste en études afro-américaines et devant publier prochainement  Le triangle et l’hexagone. Réflexions sur une identité noire. Sa notice Wikipedia précise aussi :

 « angliciste franco-ivoirienne, spécialiste de la diaspora africaine aux États-Unis. Elle est surtout connue comme militante antirasciste et afroféministe. Son champ de recherche s’inscrit dans le cadre des « French diaspora studies ». Titulaire du CAPES d’anglais . A étudié aux Etats-Unis puis, de retour en France, soutient en 2008 une thèse intitulée « La couleur de Dieu ? Regards croisés sur la Nation d’Islam et le Rastafarisme, 1930-1950 » qui demeure non publiée à ce jour, dédiée “A mon Père. A mon Oncle. A Bouna et Zyed. Pour ma Mère et mon sang.” [NDLR : Bouna et Zyed sont les prénoms des deux garçons morts électrocutés lors des incidents de Clichy-sous-Bois en octobre 2005] ; maître de conférence dans le département de langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes de l’université de Tours. Son travail théorise une résistance culturelle à l’intégration, qu’elle considère comme une idéologie dominante empreinte de racisme et qui nierait la culture d’origine des minorités ».

Christian Vanneste rappelait à son propos dans un article de Boulevard Voltaire qu’elle avait déclaré lors d’un autre débat :

« l’homme blanc ne peut porter dans son corps de l’antiracisme et ne peut avoir raison contre une noire ou une arabe ».

Bref, du lourd, comme aurait pu dire un Fabrice Luchini.

Avec un aspect néanmoins étonnant : le besoin constant de Docteur Maboula d’exciper de son statut d’enseignant-chercheur pour justifier de ce qu’elle appelle sa légitimité. Il faut en manquer beaucoup pour y faire aussi souvent référence. Et quand on songe à l’état de l’enseignement à l’université (entre l’impossibilité de faire jouer Les Suppliantes d’Eschyle à la Sorbonne, l’interdiction de prise de parole de Sylviane Agacinski à Bordeaux, ou bien encore les qualités orthographiques de la présidente de l’UNEF, pourtant étudiante en droit à Assas, qui réussit à écrire dans un tweet : « je n’irais pas sur CNews car l’UNEF ne peux pas intervenir sur cette chaîne… »), on ne sait pas bien si cet argument d’autorité (à défaut d’autres) est vraiment de nature à impressionner favorablement.

Toujours est-il qu’elle fait tantôt référence à sa « légitimité de chercheuse », à sa « légitimité d’enseignant-chercheur », et même à un moment, à son statut de « fonctionnaire ». Elle ajoute « je ne suis pas dans la morale, je suis dans la recherche ». Elle trouve à un moment appui chez Caroline de Haas qui explique : « Mme Soumahoro a développé une pensée appuyée sur des recherches. Mme Soumahoro s’appuie sur des recherches pour faire part de faits sociaux ». Et enfin, s’adressant à D.Pujadas, Docteur Maboula explique :

« Aujourd’hui on est réuni sur ce plateau de LCI sur la base de nos légitimités individuelles, que ce soit la fonction d’avocat, le statut de militante ou le statut de chercheur. Vous avez fait un tour de table pour dire qui est diplômé et à quel niveau ».

Une véritable obsession.

A un moment, Mr. Finkielkraut lui demande « et vous êtes chercheuse où ? » mais n’obtient pas de réponse. Dommage.

Une deuxième caractéristique de Docteur Maboula est son peu de dilection pour le débat : « Je suis vraiment fatiguée d’entendre des approches complètement simplistes, complètement naïves » ; « Je suis effarée de tout ce que j’entends depuis tout à l’heure » ; « Je ne comprends pas ce délire, je ne comprends pas ce déni » ; et à la toute fin du débat, se déclare insultée parce que M. Finkielkraut a dit que peut-être elle pourrait ressentir un peu de gratitude pour la France.

On l’aura compris : l’antagonisme a été total entre elle et M. Finkielkraut et s’est concrétisé autour de trois sujets : la pratique de se grimer la figure en noir (dite black face en bon français) ; le port du voile et enfin l’attitude des Français d’immigration récente à l’égard de leur nation d’accueil.

Se grimer la face en noir ? Violemment raciste bien sûr.

La photo du joueur de football Antoine Griezmann, qui s’était déguisé et grimé en noir en hommage aux Harlem Globe Trotters,a été l’objet d’une vive critique de la part de Docteur Maboula : elle cherche à expliquer en disant d’abord que cela s’appelle des barbouillages et en essayant au passage de faire comprendre en particulier par ses mimiques que si, aux 17èmeet 18èmesiècles en France, tous les auteurs de théâtre étaient blancs, c’est sans doute parce que la société française était raciste puisqu’il y avait déjà beaucoup de noirs en France (« A l’époque, Molière, Beaumarchais, les noirs étaient présents en France. Depuis quand les noirs sont-ils présents dans l’hexagone français, dans cette nation française ? »). Fin d’une explication un peu complexe sur les barbouillages :

« Pourquoi les vêtements ne suffisent pas dans cette pratique du barbouillage ? Pourquoi on va jusqu’à la peau, alors que on nous dit toute la journée que la peau et les corps du monde et au monde ne comptent pas ? [Sic]»

L’avocat Francis Szpiner demande alors posément à Docteur Maboula de réexpliquer car il n’a pas vraiment compris.

Réponse de Docteur Maboula :

« Je vais essayer d’utiliser ma pédagogie en tant que professeur. Je vais essayer d’être pédagogue et on dit qu’il n’y a pas de mauvais étudiants, il n’y a que de mauvais profs. Donc, je vais essayer d’être un bon prof. Le problème dans la question du barbouillage, c’est le problème de la réification, de rendre objet ; objet pour détruire, objet pour élever, c’est la même chose, c’est rendre objet. C’est ça l’enjeu. Est-ce qu’on peut sortir de Griezmann ? Un homme à la peau blanche qui veut avoir la peau d’un homme noir. Le déguisement aurait pu s’arrêter à l’uniforme ».

L.Guirous intervient :

« On est dans la suspicion de racisme partout »

Docteur Maboula reprend :

« C’est fatiguant ce genre de débat. Donc se dire qu’il n’y a aucun enjeu à rendre objet un autre être humain, à aller jusque dans le corps, à aller jusque dans la couleur de peau dans une France où on nous parle de l’aveuglement à la race, c’est-à-dire qu’on ne ferait pas la différence entre les noirs, les blancs »

On n’a pas eu la suite. Encore dommage.

Le port du voile islamique

La discussion s’engage ensuite sur la question du port du voile islamique, y compris sur la difficulté d’en débattre comme l’a souligné Philippe Val, l’ancien directeur de Charlie-Hebdo et également présent :

« On ne peut pas débattre tranquillement du voile parce qu’on a perdu la culture du débat et on est sur des positions morales. Il y a d’un côté le bien, de l’autre le mal. Ils se haïssent. Le débat entre êtres humains pensants est terminé ».

Et d’ailleurs, Docteur Maboula confirme :

« La question est indécente. Je suis effarée de tout ce que j’entends depuis tout à l’heure. Bien sûr c’est blessant, mais c’est même blessant de poser cette question, de s’interroger. Il y a des lois qui ont été votées. Alors le débat sur quoi porte-t-il ? La philosophie, ça ne compte pas. Ce qui compte c’est la loi…  Moi je parle de justice et d’égalité. Les débats ont déjà eu lieu et c’est un affront ».

Pour conclure un peu plus loin de façon peut-être subtilement incohérente : « ce n’est pas blessant, c’est injuste ».

On aura remarqué que, pour Docteur Maboula, une loi votée, c’est une loi qui ne peut plus évoluer. Verboten, il n’y a plus rien à voir. On aura remarqué aussi la différence de traitement entre les deux sujets : a-t-elle parlé de loi à propos du grimage du visage en noir ? Et pourquoi ne parlerait-elle pas de réification de la femme sous son voile ? Révérence gardée envers sa légitimité (elle répète : « On ne parle pas de conviction. Depuis tout à l’heure, on parle d’histoire, on parle de sociologie, on parle de faits, on parle de données précises. C’est pas seulement une opinion »), ses raisonnements sont bien sujets à caution pour le moins.

Lors de son discours sur le voile, Docteur Maboula est interrompue par M. Finkielkraut :

« C’est tout à fait étonnant de voir des féministes occidentales dénoncer le patriarcat occidental sans voir le lien entre le voile et le patriarcat d’une force inouïe, le patriarcat islamique. Le voile provoque un profond malaise. La France n’est pas une société définie par la multiplicité des composants. C’est une tradition, c’est une civilisation fondée sur la mixité des sexes et non celui de la séparation. Il y a aussi un autre malaise auquel on ne pense pas : beaucoup de gens dans la rue, quand ils voient cela, ont le sentiment chez eux de se retrouver dans une terre étrangère. Le voile, c’est une diabolisation du corps féminin et beaucoup de chercheurs issus du monde musulman le disent. S’il y a autant de violence en terre d’islam, ça tient aussi à ce refoulement, à cette haine de la sexualité. Nous avons un rôle à jouer pour aider l’islam à sortir de cette attitude de refoulement vis-à-vis de la sexualité, au lieu d’enfermer l’islam dans ce qu’il a de pire ».

Docteur Maboula de répondre (forte de toute sa légitimité) :

« Je ne comprends pas ce délire, je ne comprends pas ce déni. On dirait que c’est la panique de Chronos [NLDR : c’était la minute culturelle]. On dirait, il y a un monde-là qui va disparaître, qui est censé disparaître et qui panique. Ce déni systématique de l’existence du racisme. Les anciennes racines féministes de la France ? Vous plaisantez ; la mixité, l’ouverture…

Et nous basculons alors dans le bouquet final sur l’attitude vis-à-vis de la France, parce qu’elle est interrompue par Francis Szpiner :

« je n’aime pas qu’on insulte mon pays. Vous ne pouvez pas dire que la France est un pays raciste, ce n’est pas tolérable ».

Réponse de Docteur Maboula à l’interpellation :

« Votre pays, c’est le mien. Je fais ce que je veux de mon pays. Je fais ce que je veux de mon pays, que ce soit bien clair. C’est inacceptable. Je tiens seulement à répéter à Monsieur que je fais ce que je veux de mon pays. Je pense ce que je veux de mon pays. Qui vient de me dire « j’aimerais que vous aimiez mon pays »…

Elle est interrompue par M. Finkielkraut : « Eh oui, un peu de gratitude ».

Docteur Maboula : « Expliquez-moi la gratitude. Quelle gratitude ? »

M Finkielkraut avec bonne volonté :

« Moi je suis enfant de parents immigrés. J’ai bénéficié d’une éducation en France. J’ai pu faire mes études, passer l’agrégation, enseigner à l’école Polytechnique. J’ai pu, dans la mesure où j’en étais capable, écrire des livres et je suis reconnaissant à la France. Et je suis heureux aussi d’habiter un pays qui a à m’offrir une culture aussi admirable. Tout ça, c’est une gratitude que d’autres peuvent exprimer avec moi. La civilisation française mérite en effet d’être aimée ».

Docteur Maboula de finir dans un certain tumulte :

« Ce pays qui est le mien, j’ai le droit de le traiter comme je veux, et je pense, en tant que fonctionnaire en plus, exercer ce rapport à la France de manière [Brouhaha, toujours dommage].Monsieur Pujadas, il y a une insulte. On ne peut pas avoir une parole en public qui insulte une personne sur son origine et prétendre que ce n’est rien. Votre monde se termine. Vous pouvez paniquer tant que vous voulez. C’est terminé».

M. Finkielkraut aurait rajouté, micro fermé : « C’est ce qu’on appelle le grand remplacement ».

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