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L'Eglise : Foi

Charles Najjar, un entrepreneur passionné par le Linceul de Turin

Charles Najjar, un entrepreneur passionné par le Linceul de Turin

Par Antoine Bordier

Qui connaît Charles Najjar, ce Libanais de 50 ans vivant actuellement à Milan, qui a réussi dans la finance, après une enfance sous les bombes à Beyrouth ? Il y a 3 ans, il lance sa start-up FIBLER, qui a pour ambition de révolutionner les relations entre les experts indépendants et leur clientèle. Passionné par les crèches depuis sa plus tendre enfance, et, récemment, par le Linceul de Turin, il a publié en 2019 son premier livre sur le Linceul. Interview.

Charles Najjar, vous êtes né au Liban, puis, vous êtes venu étudier au début des années 90 en France. A quel moment vous est venue cette passion pour le Linceul de Turin ?

J’étais étudiant à Paris et ma mère est venue me rendre visite. Voulant lui faire une sortie en dehors de Paris, je lui proposais les Châteaux de la Loire ou le Mont Saint-Michel. Elle me répond qu’elle veut aller en pèlerinage à Lisieux chez Ste Thérèse. Je cède, donc, à ses désirs sans trop d’enthousiasme, et, je l’accompagne à Lisieux en trainant un peu des pieds. En me promenant oisivement en dehors de la Basilique pendant qu’elle priait son chapelet, je constate une flèche indiquant la crypte avec comme mention « Exposition sur le Linceul de Turin ». J’avais déjà entendu parler du Linceul et je croyais comme tout le monde que l’affaire était classée, et, qu’il s’agissait sans l’ombre d’un doute d’un faux, datant du Moyen-Âge. C’est avec beaucoup de curiosité et de scepticisme que j’abordais cette exposition. Mais au fur-et-à-mesure de ma visite, je remarquais combien cette pièce était impressionnante par ses détails anatomiques pratiquement impossible à reproduire par un faussaire. Je compris à ce moment que c’était du sérieux, et, qu’il était nécessaire d’aller plus loin pour en avoir le cœur net. J’étais, subitement, tombé face à un défi pour l’intelligence que je me suis alors promis de relever ! C’est, ainsi, qu’est née une investigation de plus de 25 ans ! Plus tard, j’appris que sainte Thérèse avait accolé à son nom le qualificatif de la Sainte Face. Cela m’émeut de penser aujourd’hui que c’est chez elle qu’est née ma passion pour la « Sainte Face » imprimée sur le Linceul !

Votre livre s’intitule Le 5è Evangile. Pour quelle raison avoir choisi un tel titre ?

Aujourd’hui, je suis arrivé à la certitude que le Linceul ne peut être qu’authentique. Pour moi, c’est Jésus lui-même qui a voulu nous laisser cette trace incroyable de son existence et de sa Passion. De plus, à travers les traces de sang bien claires, d’une précision anatomique inimaginable, le Linceul raconte toute l’histoire de la Passion. Le Linceul se lit donc comme un récit de la Passion ! D’où mon idée que le Linceul soit un Évangile « écrit » par Jésus lui-même. Théoriquement, il s’agit du Premier Évangile puisqu’il a été réalisé avant tous les autres. Mais le nommer Le 1er Évangile aurait été trop intriguant à mon avis. Le 5e Evangile me parut plus facilement identifiable pour le public habitué, déjà, à l’existence des quatre Evangiles canoniques.

Abordons davantage cette enquête que vous avez menée. Comment avez-vous procédé ? J’imagine que vous avez beaucoup lu à ce sujet.

D’abord, c’est très important de garder une neutralité absolue. Je vous rappelle que j’avais abordé l’exposition de Lisieux avec beaucoup de scepticisme, convaincu comme tout le monde qu’il s’agissait d’une imposture. Par conséquent, mon approche était de prouver qu’il s’agissait d’un faux. Et, puis, comme tout enquêteur, je me suis mis à approfondir le sujet. La bascule du scepticisme vers la volonté de prouver qu’il était authentique s’est faite à un moment, quand je me suis trouvé dans une impasse.

C’était quoi ce moment particulier ?

Il s’agit de cette impasse qui s’est faite lorsque je me suis mis dans la peau du faussaire et que j’ai essayé d’imaginer comment il avait pu produire cette œuvre. On a, maintenant, la certitude historique que ce Linceul existait au moins à partir du Moyen-Âge. Or, la formation de l’image suit une technique similaire à celle d’un scanner photographique ! Cela suppose que le faussaire ait inventé un scanner avant l’heure et qu’il ait tenu son invention secrète, rien que pour produire un faux linceul !  C’est complètement absurde. Mais, l’absurdité ne s’arrête pas là. Car en plus de l’image imprimée, nous avons les traces de sang. Et, ces traces sont d’une précision anatomique extraordinaire qui suppose que notre faussaire connaisse exactement les techniques de crucifixion et de flagellation romaines. De plus, il existe des détails invisibles à l’œil nu, et, qui sont uniquement discernables avec les outils d’imagerie modernes. Le faussaire aurait, ainsi, imaginé ces détails invisibles pour ses contemporains, qu’il aurait destinés pour surprendre les experts en imagerie 10 siècles plus tard ! Cela ne tient absolument pas la route. Enfin, il faut savoir qu’il n’existe pas d’image imprimée sous les traces de sang. Ce qui veut dire que le faussaire aurait placé les traces de sang avant d’imprimer l’image ! C’est techniquement impossible à faire.

C’est passionnant ! Vous vous êtes plongé corps et âme, si j’ose dire, dans une véritable enquête.

Oui, car au fur-et-à-mesure, la passion est devenue presqu’envoûtante. Passé le cap du doute, curieusement, tout se recoupait pour devenir progressivement une évidence voire une certitude.  Évidemment, il a fallu lire énormément sur le sujet. J’ai presque tout lu, les livres qui sont en faveur de l’authenticité tout autant que les livres qui sont contre. Tel un chercheur, je comparais leurs arguments. Ensuite, j’observais les détails de l’image pour essayer de trouver la moindre faille. Or les détails anatomiques sont tellement précis qu’il est pratiquement impossible qu’un faussaire puisse les imaginer et réussir à les reproduire.

Avez-vous rencontré des experts, comme Sébastien Cataldo ?

Oui, j’ai été à l’une de ses conférences et on a pu échanger nos idées après la conférence. J’ai surtout eu des échanges réguliers avec Barrie Schwortz, qui a fait partie de l’équipe de recherche scientifique (de la STURP) qui a travaillé sur le Linceul en 1978. De religion juive, totalement réfractaire au départ, Barrie a dû finalement céder face à l’évidence au point d’être devenu un militant de l’authenticité, et, d’avoir développé le site internet www.theshroud.com entièrement dédié au Linceul ! Enfin j’ai eu la chance de voir le Linceul pour de vrai lors de la dernière ostentation officielle en 2015. En dehors de l’émotion extrême que cela m’a procuré, c’était surtout l’occasion de rencontrer plusieurs spécialistes et de profiter de tous les évènements qui avaient lieu autour du Linceul pour affiner mon enquête.

Vous êtes vraiment quelqu’un d’éclectique. Quel lien faites-vous entre vos activités dans la finance, dans votre start-up, votre passion-collection pour les crèches et vos enquêtes sur le Linceul de Turin, que l’on appelle aussi Saint Suaire ?

C’est une bonne question. C’est vrai, je me passionne pour beaucoup de choses, mais, à chaque fois je cherche à aller jusqu’au bout de mes passions pour essayer de les maitriser parfaitement, et, de leur donner du sens. Et, je m’attèle à me débarrasser de tous les préjugés et de tous les principes inculqués en repartant de zéro. En finance, par exemple, j’ai remis en question beaucoup de principes que personne n’osait remettre en question. Le principe que la volatilité est une mesure du risque est une absurdité pourtant reprise dans tous les livres de finance ! C’est, donc, la même démarche que j’ai appliquée pour mon analyse de l’authenticité du Linceul en me débarrassant également de tout préjugé. A propos, c’est complètement erroné de parler de Saint Suaire, car il s’agit bien d’un linceul et non d’un suaire. Le suaire est une étoffe très fine uniquement appliquée sur le visage. Rien à voir avec le linceul qui couvre l’ensemble du corps de face et de dos. La confusion vient du fait que le Linceul de Turin a longtemps été présenté plié en huit de telle sorte qu’il ne faisait apparaître que le visage.

Entrons dans le vif du sujet de votre enquête. Il y a deux écoles de scientifiques : ceux qui prouvent que le Linceul est celui du Christ, et, les autres, que c’est un faux. Pouvez-vous résumer les travaux de ces deux écoles ?

Les arguments en faveur de l’authenticité sont très solides. Il s’agit de façon incontestable d’une image imprimée de façon photographique, comme celle d’un scanner…Il y a, au moins, plus de 1000 ans ! Cette image qui a résisté à la chaleur et à l’eau lors d’un incendie, en 1532, et, qui a laissé des traces des brûlures toujours bien identifiables. Ces traces ont détérioré le tissu mais n’ont pas altéré l’image. C’est inimaginable ! Ensuite, l’image présente des traces de sang qui recoupent en tout point le récit de la Passion de Jésus sur un plan anatomique que personne ne peut imaginer. Les traces les plus frappantes sont, par exemple, les poumons dilatés à cause de la suffocation, les clous dans les poignets et non dans les paumes, la plaie provoquée par la lance qui continue de couler dans le dos, car elle a été donnée post-mortem, les clous dans les talons pour empêcher le crucifié de se soulever pour respirer… Bref, plein de détails anatomiques complètement inimaginables pour un faussaire.

Quant aux arguments en faveur de la falsification, ils se limitent à la datation au carbone 14, qui fait dater le tissu de l’époque du Moyen Age. De l’aveu même de plusieurs archéologues interrogés, cette méthode de datation a beaucoup de limites surtout par rapport aux objets qui ont subi beaucoup d’altérations au cours de leur histoire, comme c’est le cas du Linceul. Le deuxième argument avancé, c’est l’absence de référence historique durant les premiers siècles. L’absence de référence historique ne peut en aucun cas être considérée comme une preuve de non-authenticité, d’autant plus que cette absence s’explique facilement par les persécutions que subissaient les premiers chrétiens.

Pour vous, le Linceul de Turin est, donc, un vrai. Pourquoi ?

Les détails anatomiques incroyables qui recoupent en tout point le récit de la Passion de Jésus ainsi que l’impossibilité de reproduire l’image même avec les techniques modernes sont clairement en faveur de l’authenticité. Les partisans de la falsification sont pratiquement incapables de prouver comment l’image s’est formée. Or, celle-ci étant de nature photographique, elle ne peut s’expliquer techniquement qu’à la manière d’un scanner qui nécessite une obscurité totale (l’intérieur du tombeau) avec une lumière uniforme qui jaillit de l’intérieur du corps (c’est la Résurrection) ! Techniquement, c’est la seule façon de reproduire l’image ! C’est ainsi que, aussi incroyable que cela puisse paraître, l’image du Linceul apparaît comme le signe ultime de la Résurrection ! Si on ajoute à cela que le corps s’est désintégré et non retiré, puisqu’il n’y a pas de déchirure de fils du Linceul au niveau des plaies, la conclusion devient alors une évidence.

En 2022, pour conclure, quels sont vos projets ? Un nouveau livre sur le Linceul de Turin ?

Je travaille sur une mise à jour de mon livre, car figurez-vous que je continue de trouver encore de nouveaux éléments en faveur de l’authenticité ! Et, moi qui croyais qu’en 25 ans j’avais réussi à faire le tour de la question ! Par ailleurs, je me suis aussi lancé dans un projet très ambitieux avec la création d’un Musée du Linceul à Assise, en Italie, où on présente une immersion dans la Passion de Jésus racontée par le Linceul… avec une belle surprise en fin de parcours ! Rendez-vous en 2023 ! (NDLR : Enquête à suivre…)

Interview réalisée par Antoine Bordier, auteur, consultant et journaliste

Copyright des photos Antoine Bordier et Charles Najjar

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