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Bioéthique

Cette année, notre premier week-end de l’Avent devrait tourner autour de la messe, de la veillée pour la vie, puis de la manifestation

Cette année, notre premier week-end de l’Avent devrait tourner autour de la messe, de la veillée pour la vie, puis de la manifestation

Plusieurs lecteurs nous interrogent sur la manifestation contre le projet de loi de bioéthique des 30 novembre et 1erdécembre prochains. Plutôt que de répondre laconiquement à chacun, permettez-moi de répondre à tous par un article plus « charpenté ».

Tout d’abord, s’agissant de l’organisation, n’attendez pas de directives nationales : plus nous aurons de manifestations différentes, mieux ce sera, me semble-t-il. Après tout, pourquoi des Lyonnais manifesteraient-ils comme des Normands ou des Alsaciens ? Pourquoi des Bretons s’aligneraient-ils sur des Toulousains ou des Marseillais ? Et, plus généralement, pourquoi attendrions-nous tous des directives nationales de Paris ? Notre malheureux pays crève si évidemment du jacobinisme qu’il faut, au contraire, profiter de ces manifestations locales pour montrer notre diversité – qui n’a pas grand-chose avec la fameuse « diversité » des médias dominants !

Mais, si nous sommes divers, avec les histoires, les climats, les traditions de nos provinces différentes, nous avons quelque chose de grand en commun – dont notre opposition au projet de loi prétendument bioéthique (qui n’est, comme le dit si bien l’ami Jérôme Triomphe, ni bio, ni éthique) n’est qu’un symptôme : l’attachement à la personne humaine et à la France catholique.

Mais, avant d’aller plus loin, permettez-moi d’insister sur le vocabulaire : il faut marteler sans cesse que ce projet de loi n’est « ni bio, ni éthique » car ce texte n’a rigoureusement aucune légitimité, en dehors du diktat des loges maçonniques qui poursuivent inlassablement leur travail de destruction de la France catholique et de la personne humaine, sommet de la Création de Dieu !

Et il faut appeler un chat, un chat : nous ne sommes pas seulement contre la « PMA pour toutes », nous sommes contre tous les tripatouillages sur la personne humaine, pour une culture de vie globale – et donc, bien sûr que notre opposition ne s’arrête pas à ce projet de loi donné, mais elle réclame l’abrogation de la loi Taubira, et jusqu’à l’abrogation de la loi Veil et de la loi Neuwirth, et même de la loi Naquet qui transforma le mariage en un simple contrat révocable ouvrant ainsi la voie à toutes les dérives.

Je ne dis assurément pas que tous les opposants au projet de loi actuel doivent partager l’ensemble de notre combat, ni que tous ceux qui le partagent doivent nécessairement le dire publiquement. Mais j’affirme que, si, dans ce vaste mouvement social « conservateur » que nous avons vu naître avec émerveillement en 2012, il n’y a pas des orateurs, des intellectuels, des activistes (ou des blogueurs comme nous !) « radicaux » – ce qui ne signifie pas « extrémistes », mais capables d’aller jusqu’à la racine du mal –, nous sommes condamnés à perdre toutes les batailles les unes après les autres.

En tout cas, pour nous, il est clair que le combat est global.

Et cela signifie au moins deux choses.

D’une part, au plan politique, nous devons élargir notre message pour qu’il ne soit pas seulement un message « sociétal » reçu par quelques centaines de milliers de « cathos » pratiquants. L’individualisme, le matérialisme et le consumérisme qui président au projet de loi que nous combattons président aussi à la plupart des réformes économiques et sociales proposées. Contrairement à ce que les médias dominants affirment généralement, Emmanuel Macron n’a en rien augmenté les libertés (au contraire les attaques contre le droit de propriété et la liberté d’expression n’ont jamais été aussi fortes, même pas sous Hollande !). En revanche, le président a considérablement aggravé le déracinement et l’irresponsabilité des acteurs économiques – et donc aggravé la situation de la personne humaine réduite à sa « qualité » de consommateur et, éventuellement, de producteur jetable. Notre doctrine sociale catholique, qui nous pousse à nous lever contre un projet de loi prétendument bioéthique monstrueux, devrait également nous pousser à tendre la main aux gilets jaunes – qui ne sont évidemment pas les casseurs d’extrême gauche soigneusement laissés impunis par le Pouvoir.

C’est pourquoi je ne saurais trop vous encourager à organiser vos « piquets » du week-end prochain le samedi – jour traditionnel de la mobilisation des gilets jaunes depuis un an. Et, pourquoi pas, à y porter un gilet jaune. Le système macronien ne craint pas notre mobilisation, mais il craint beaucoup la convergence des colères.

Au passage, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la réforme des retraites n’a rien d’une réforme « de droite ». Dieu sait que je suis un anticommuniste convaincu et que je n’ai pas grand-chose de commun avec la CGT ou la France insoumise, mais je suis, comme eux (bien que pour des raisons radicalement différentes), opposé à la réforme des retraites actuellement esquissée par le chef de l’Etat. Cette réforme ne vise, en effet, nullement à responsabiliser ou à libérer un système soviétoïde (les fameux « acquis du Conseil de la Résistance » dont on nous rebat les oreilles depuis 70 ans et qui ne sont trop souvent que des mesures communistes devenues intouchables par la grâce de la Libération). Elle vise plutôt à maintenir ce système soviétoïde (et probablement même à l’alourdir, après négociations avec les syndicats soi-disant « représentatifs »), mais en diminuant les bénéfices pour les usagers. Vous avez sûrement remarqué qu’à chaque fois que l’on nous « vend » une baisse de la dépense publique, vos impôts augmentent : c’est qu’il ne s’agit pas d’une baisse de la dépense publique, mais plus exactement d’une baisse de l’efficacité de la puissance publique – ce qui est assez différent ! Il en sera, selon toute vraisemblance, de même pour la réforme des retraites : nous serons davantage ponctionnés, nous travaillerons plus longtemps, pour gagner moins à la retraite – mais, rassurez-vous, les parasites qui vivent de l’Etat-providence, eux, ne verront pas leur rémunération diminuer ! Fin de la parenthèse. Mais il serait temps que les bons bourgeois cathos cessent de croire qu’ils protègeront leur portefeuille en votant LREM ; les seuls qui peuvent bénéficier du vote LREM sont les fameux nomades d’Attali (les immigrés au bas de l’échelle et les oligarques en haut).

Il y aurait énormément à dire sur la doctrine sociale de l’Eglise que nous devons nous réapproprier (je rappelle que ses principes sont moralement obligatoires pour un catholique, au même titre que la morale conjugale et tous les autres éléments du catéchisme) – et que nous devons cesser de prendre pour un catéchisme social-démocrate vaguement teinté de spiritualité catho bon teint.

Nous avons l’impérieux devoir de travailler à restaurer une société juste, dans laquelle chacun puisse le plus facilement possible parvenir au salut. C’est-à-dire restaurer une société chrétienne où le Christ ne règne pas seulement dans nos vies privées ou dans nos maisons (ce qui est déjà énorme, bien sûr !), mais sur nos lois et sur notre nation.

Ce qui m’amène au deuxième point que je voulais évoquer.

Si nos manifestations locales sont une excellente occasion de parler aux gilets jaunes et d’élargir, si je puis dire, notre plateforme politique, ils sont aussi l’occasion de christianiser notre mouvement et notre engagement militant.

Il se trouve que, providentiellement, la manifestation a lieu le premier week-end de l’Avent. Cela remet tout de suite en perspective notre combat pour la culture de vie. Nous défendons la vie innocente, la beauté de la famille stable et unie et la sainteté du mariage, d’abord parce que nous adorons le Prince de la Vie qui vient à nous à Noël. C’est pour cela que Jean-Paul II et Benoît XVI ont demandé d’organiser partout dans le monde des veillées pour la vie au seuil de l’année liturgique.

Cette année donc, notre premier week-end de l’Avent devrait tourner d’abord, bien sûr, autour de la messe, puis de la veillée pour la vie, puis de la manifestation. C’est une occasion unique d’abord pour constituer un vaste mouvement social travaillant à restaurer la culture de vie au sein de la Fille aînée de l’Eglise (il n’est en effet pas normal que nous soyons un million de personnes dans la rue contre la loi Taubira, et seulement 50 000 pour la Marche pour la vie, alors que la défense de la vie innocente est le cœur de notre projet politique et que notre opposition aux délires « sociétaux » n’en est qu’une conséquence !). Et c’est aussi une occasion unique de remettre les choses dans l’ordre, en plaçant Dieu au sommet. Bien sûr que l’on peut défendre la famille naturelle et la vie innocente sans être catholique, mais chacun sait que, partout dans le monde, l’Eglise catholique est le cœur battant de la culture de vie. N’ayons donc pas peur d’assumer que nous sommes catholiques et cessons de nous cacher derrière une revendication qui ne trompe personne d’aconfessionnalité ou d’apolitisme.

A ce sujet, il me semble que l’une des convergences possibles avec les gilets jaunes tient précisément à cet être historique de la France catholique. Bien sûr, beaucoup de gilets jaunes ont abandonné la pratique religieuse de leurs pères. Mais regardez l’émotion qui entoura dans toute la France l’incendie de Notre-Dame de Paris. Voyez tous ces jeunes Français qui priaient autour de la cathédrale en flammes. Pourquoi ne pas venir aux piquets organisés par « Marchons enfants » soit avec les bannières des saints de nos paroisses et de nos provinces, soit avec une image de Notre-Dame en flammes.

Le message serait clair : si nous ne voulons pas que le sort de Notre-Dame soit le symptôme de l’effondrement du « Regnum Mariae », il n’y a qu’une solution : revenir aux sources de la France, au baptistère de Reims, ce qui exclut évidemment les tortures sur les embryons ou la tentation démiurgique de créer des orphelins de père pour satisfaire les désirs fluctuants des adultes.

En un mot, chers amis lecteurs, je suggère que nous profitions de ce week-end de manifestation pour dessiner un projet considérablement plus vaste que la seule opposition à la « PMA sans père ». J’ajoute que ce projet de restauration de la France chrétienne, de diffusion de la doctrine sociale de l’Eglise, aurait beaucoup de chances d’être reçu par nos compatriotes qui demeurent indifférents à nos combats « sociétaux », mais qui n’ont nulle envie de vivre ni sous la charia, ni sous le totalitarisme du « Meilleur des mondes ».

Bonne mobilisation à tous.

Bonne entrée en Avent.

ONLR

Fidèlement

Guillaume de Thieulloy

Directeur du Salon beige

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