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L'Eglise : L'Eglise en France

Ce qui est en jeu, ce ne sont pas des sensibilités, mais la foi

Ce qui est en jeu, ce ne sont pas des sensibilités, mais la foi

Nos amis Renaissance catholique organisent le 24 septembre un colloque sur l’avenir de la messe traditionnelle. Jean-Pierre Maugendre, directeur de l’association, répond à nos questions:

Renaissance catholique organise avec d’autres associations un colloque sur la messe traditionnelle. Pourquoi?

La liberté de célébration de la messe romaine traditionnelle est de nouveau en danger. Après la libération octroyée par le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI en 2007, la volonté du pape François est, aujourd’hui, de voir disparaître la célébration de la messe qui est celle de la Tradition de l’Eglise. C’est ce qu’il écrit dans le motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet 2021 affirmant que la liturgie réformée est « la seule expression de la lex orandi du rite romain ». Expression d’abord exorbitante au regard du droit et objectivement fausse puisqu’il existe un rite zaïrois, un rite pour les Anglicans convertis et que l’on nous annonçait la préparation d’un rite amazonien. Sans oublier le rite nautique récemment inauguré en Italie…

Face à cet abus de pouvoir, qui est aussi un acte d’impiété filiale manifeste, les laïcs sont plus libres que les clercs pour manifester leur détermination. Ils ne se laisseront pas dépouiller du trésor qui conforte leur foi et nourrit leurs âmes, auquel ils doivent leur conversion ou leur persévérance dans la foi, l’espérance et la charité.

Pour le moment, les évêques de France ne semblent pas appliquer Traditionis Custodes avec beaucoup de brutalité en dehors de quelques diocèses. Pensez-vous que cette relative “paix liturgique” va durer ?

Tout dépend du rapport de force qui s’instaurera dans les diocèses et auquel notre colloque entend contribuer. L’Eglise de France est moribonde. De nombreux diocèses n’ont plus de séminaristes et sont virtuellement en état de cessation de paiement. Comme l’a observé notre étude « Rentrée 2022. Les séminaristes choisissent la messe traditionnelle » le nombre d’entrées dans les séminaires diocésains est encore en baisse alors que le nombre des entrées dans les séminaires où se célèbre la messe romaine traditionnelle est en pleine croissance avec une augmentation de presque 100% du nombre de séminaristes entre 2022 et 2021 (38 en 2022, 20 en 2021). Incontestablement le dynamisme et la détermination sont du côté des traditionalistes qui savent que ce qui est en jeu ce ne sont pas des sensibilités mais la foi, et donc le salut, et l’honneur de Dieu. Peu d’évêques sont désireux de devoir affronter des manifestations devant leurs évêchés comme ce fut le cas à Dijon ou à Rennes à l’heure du dialogue tous azimuts, de l’accueil inconditionnel des migrants, de l’Eglise synodale, etc. La crainte des traditionalistes est le début de la sagesse…

La plupart des catholiques attachés à la messe traditionnelle connaissent bien les arguments en faveur de cet attachement. Quel intérêt auraient-ils à assister à ce colloque?

Je suis moins optimiste que vous sur la connaissance des raisons doctrinales de l’attachement à la liturgie traditionnelle, en particulier dans les jeunes générations. Certaines conversations me consternent par l’hypertrophie des arguments émotionnels et affectifs aux dépens des raisons doctrinales et théologiques ou au minimum catéchétiques. Un des objectifs de ce colloque est donc d’armer intellectuellement et doctrinalement les fidèles de la liturgie traditionnelle mais aussi d’éclairer toutes les âmes de bonne volonté qui s’interrogent sur les tenants et aboutissants d’une situation objectivement abracadabrantesque. En Allemagne l’Eglise bénit les couples homosexuels et en France, se marier devant un prêtre diocésain selon la liturgie romaine traditionnelle est un véritable parcours du combattant.

Le cardinal Roche, en charge du Culte divin à Rome, a affirmé que la liturgie n’était pas affaire de choix personnel, accusant à demi-mot les “traditionalistes” de subjectivisme et d’individualisme (si ce n’est même de libre examen protestant!). Comment réagissez-vous à cette vision des choses?

Ce qui est amusant avec ce type de personnages c’est qu’ils osent tout…Bien sûr que la liturgie n’est pas une affaire de choix personnel, tout au contraire. Le drame de la réforme liturgique est que, justement, elle est le fruit de choix personnels de quelques professeurs en liturgie, devenus étrangers à la Tradition de l’Eglise. Dans son ouvrage La célébration de la foi le cardinal Ratzinger rappelait : « II faut constater que le nouveau missel, (…) a été publié comme un ouvrage élaboré par des professeurs et non comme une étape au cours d’une croissance continue. Rien de semblable ne s’est jamais produit sous cette forme, cela est contraire au caractère propre de l’évolution liturgique ». Notre fidélité à la Tradition de l’Eglise est, tout simplement, le refus d’une « fabrication », « produit banal de l’instant » selon une autre déclaration du cardinal Ratzinger. Il n’y a là nul libre examen protestant quand nous nous contentons de faire ce que l’Eglise a toujours fait. Ce sont les novateurs qui, en rompant avec la Tradition de l’Eglise ont semblé oublier que l’Eglise catholique est celle du Christ et non celle de Pierre, Paul, Jacques ou … François. L’Eglise n’est pas la propriété du pape. Il est le gardien d’un dépôt qui ne lui appartient pas.

Comment peut-on participer à ce colloque?

Ce colloque aura lieu le samedi 24 septembre à la Maison de la Chimie, 28 bis rue saint Dominique 75 007 Paris de 9h30 à 18h. Il est recommandé de s’inscrire par internet auparavant sur le site renaissancecatholique.fr mais on peut également se décider au dernier moment.

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5 commentaires

  1. la messe de Luther-Montini a été imposée au motif déclaré qu’elle permettait de favoriser l’ œcuménisme , l ‘union des catholiques et des protestants dans la liturgie.
    les protestants s’en fichent complètement.
    st Pie V de son côté avait canonisé l’ antique messe qui porte son nom car il avait constaté que les prêtres passés à la Réforme, refusaient absolument de la dire. cinq siècles plus tard, même refus des hérétiques, devenus papes entre temps.

  2. L’évêque d’Arlington (USA), Mgr Burbridge, a décidé de bannir la messe traditionnelle de TOUS les édifices catholiques de son diocèse. Qu’à cela ne tienne, les fidèles attachés à ce rite ont transformé un gymnase en une chapelle tridentine du meilleur goût où ils peuvent assister à leur messe, à leur convenance, sans interférence épiscopale.
    https://www.ccwatershed.org/2022/09/14/isolation-camps-for-summorum-catholics/

  3. Il y aurait un moyen de pression efficace pour tordre le bras aux évêques anti-Summorum Pontificum qui serait de demander à tous les fidèles spoliés de “l’Usus Antiquor” de verser leur offrandes dominicales et leurs dons au Denier du Culte sur un compte séquestre dont le relevé mensuel serait envoyé au diocèse à intervalles réguliers. A partir d’un certain montant (de facto retranché des finances diocésaines) il est plus que probable que Monseigneur accepte d’envisager de reconsidérer son intransigeance.
    Moi-même qui n’assiste que très épisodiquement à des messes tridentines, je serais prêt à participer à un telle campagne si l’évêque du lieu décidait de les bannir .

  4. “Où que ce soit, si une minorité est persécutée et marginalisée en raison de ses convictions religieuses ou de son identité ethnique, le bien être dans son ensemble d’une société est mis en péril et chacun d’entre nous doit s’en trouver affecté” (Pape François, le 24 octobre 2013)

  5. la photo est très révélatrice : il semblerait que l’auteur de l’article ait choisi une photo d’une messe traditionnelle mais, pas de chances, il n’en est rien.
    La photo est celle de la messe conventuelle de l’Abbaye St Joseph de Clairval à Flavigny, les moines célèbrent selon le nouveau rite depuis, si je ne m’abuse 1988…
    Toutefois si les messes dans les paroisses suivaient scrupuleusement les rubriques du nouveau rite nous aurions des prêtres officiant en chasuble, de l’eau bénite dans les bénitiers, des messes dos au peuple, des messes en latin, peut-être même pour les plus chanceux un encensoir, des temps de silence pour la prière personnelle, des enfants de choeur désireux de servir, etc…

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