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Bioéthique

Bioéthique : un curé écrit à son député

Bioéthique : un curé écrit à son député

L’abbé Philippe de Kergolay, curé de la Paroisse catholique de Chelles, a écrit à son député :

“Chelles, le 1er juillet 2020

à Mme Stéphanie DO, députée

Madame,

En octobre 2019, je vous avais porté la lettre signée par 550 membres de notre communauté catholique, exprimant notre opposition totale à la légalisation de familles sans père et avec deux mères.

Vous m’aviez répondu que pour vous, les religions n’avaient rien à dire sur les sujets de société et ne pouvaient s’occuper que du domaine privé.

De fait, pour votre projet de loi sur les familles lesbiennes, les « auditions » de quelques autorités religieuses ont révélé que ce point de vue erroné est malheureusement partagé dans votre Assemblée : on nous a entendu avec une politesse parfois ironique sans nous écouter..

Pourtant, l’Eglise ne cesse d’intervenir dans le champ politique et social :

  • c’est au nom de l’Evangile que le Pape François interpelle les Etats sur les droits des migrants ou l’écologie.
  • C’est en tant que chrétiens que l’Abbé Pierre, Soeur Emmanuelle ou Mère Teresa ont agi publiquement pour les pauvres
  • C’est en tant que chrétiens que nous chrétiens de Chelles, nous secourons publiquement les plus démunis depuis plus de 30 ans.
  • C’est en tant que chrétiens que nous avons écrit en 2011 au Préfet pour défendre des familles sans papiers.
  • C’est en tant que chrétiens que nous avons protesté en 2013 contre la loi sur le mariage pour tous avec une lettre signée par 400 d’entre nous, et que 550 ont réitéré en octobre.
  • C’est en tant que prêtre catholique que depuis 35 ans, j’accompagne des femmes menacées d’avortement par leur compagnon, leur famille ou leur proxénète.
  • C’est en tant qu’aumônier de prison que j’ai lutté publiquement pour les droits des détenus et de leurs familles à l’OIP.
  • C’est en tant que catholique que j’héberge et accompagne des femmes et des enfants sans papiers, en dénonçant au besoin les pratiques préfectorales que votre gouvernement encourage.
  • C’est au nom de l’Eglise que les Papes ont condamné le trafic d’êtres humains, que ce soit l’esclavage d’antan, la PMA d’aujourd’hui ou la GPA de demain, même si des chrétiens y ont collaboré. Le cas dramatique de dizaines d’enfants fabriqués et bloqués en Ukraine pendant le COVID a mis en lumière les exactions d’une industrie prospère, dont vous ne punissez pas les clients.

Le 6 juillet prochain, dans une France en crise qui a bien d’autres priorités, votre parti veut faire passer une loi qui viole nos convictions les plus profondes sur la famille : priver des enfants de leur père et leur imposer deux mères relève pour nous du délire et du mépris des droits de l’enfant.

On ne peut pas réformer la définition même de la famille et de la filiation sans un large consensus de toute la nation. Il ne suffit pas d’avoir une majorité parlementaire, surtout quand elle est contestée comme actuellement.

Lors de la loi Leonetti en 2004 sur la fin de vie, toutes les composantes philosophiques et religieuses avaient été non seulement auditionnées mais écoutées avec respect, et la loi avait fait l’unanimité. On en est bien loin aujourd’hui. Toute conviction d’origine religieuse est suspecte, voir disqualifiée.

Aujourd’hui, la France est épuisée avec la crise du Covid. L’économie est à plat. L’hôpital est à reconstruire. Alors que l’élémentaire bon sens exigerait de rassembler tous les Français sur des priorités essentielles (Santé, emploi, environnement…), on veut faire passer en douce une loi partisane revendiquée par la minorité LGBT.

Peut-être votre gouvernement craint-il tellement une déroute économique et financière qu’il cherche une diversion dans des réformes sociétales censées redorer un blason « progressiste ». Le président Hollande avait joué la même carte avec le « mariage pour tous » et l’avortement devenu « droit fondamental ». Triste procédé !

Plutôt que de financer la PMA pour des couples lesbiens (la PMA coûte déjà 300 millions), il eût été plus équitable de donner plus pour l’hôpital public et les soignants.

Je n’ose même pas évoquer le triste sort des mineurs isolés qui errent dans nos rues et dont la détresse vous laisse indifférente.

Votre réforme passera peut-être grâce à l’immense lassitude des Français qui ont d’autres préoccupations. Mais elle ne fera qu’accentuer le divorce entre vous, les politiques, et la société civile.

Parce que nous, catholiques, musulmans, évangélistes, et bien d’autres, nous ne sommes plus considérés comme ayant voix au chapitre, ne vous étonnez pas de la montée de l’indifférence, de l’abstention et de l’hostilité envers ce monde politique que le mouvement « En marche » prétendait renouveler. Le communautarisme est le fruit de cette culture du mépris qui s’est substituée à la vraie laïcité, celle que j’ai connu dans les services de l’Etat pendant 20 ans, comme aumônier militaire, d’hôpital ou de prison.

Une authentique démocratie est respectueuse de ses minorités, même religieuses, dès qu’il s’agit de sujets aussi fondamentaux que la famille. Aujourd’hui, nous en sommes loin.

La révolte des Gilets jaunes, les récentes grèves, la révolte de nombre de soignants témoignent que ce style méprisant de gouvernement ne répond plus aux attentes du pays.

C’est pourquoi l’enjeu du débat actuel n’est pas seulement la PMA. Il est la légitimité même de votre république et de votre représentativité.

Il me paraît bon aujourd’hui de faire savoir aux yeux de tous, notre opposition radicale à votre politique de la famille et à votre mépris du religieux.

Chacun en tirera les conclusions qui s’imposent.

Je vous assure néanmoins de ma prière en Jésus Christ.”

Vous aussi écrivez à votre député ici. Une manifestation n’est pas possible en ce moment, d’où l’importance d’écrire. L’examen du texte par tous les députés devait commencer lundi 6 et durer 5 jours. Ce sera sans doute reporté à vendredi 10, en raison du remaniement. Sauf si Jean Castex a le cran de dire que ce n’est pas le moment… Enfin, le processus n’est pas terminé : après cette 2nde lecture à l’Assemblée nationale, il y aura la 2nde lecture au sénat, pas avant octobre.

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