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L'Eglise : Benoît XVI

Benoît XVI : un Pape remarquable

Benoît XVI : un Pape remarquable

De Stéphane Buffetaut, élu local et ancien député européen, pour le Salon beige:

A son image, le Pape Benoît XVI s’en est allé discrètement, paisiblement. Ses obsèques célébrées à Rome ont été d’une grande sobriété et son successeur, l’air fatigué et maussade, n’a cité son prédécesseur qu’une fois dans son homélie. Peu importe, Benoît XVI ne recherchait pas les honneurs et certainement pas posthumes, lui qui n’a pas souhaité la présence du Président des Etats-Unis à ses funérailles car ce moment n’est pas celui de l’hypocrisie.

Pape remarquable par son intelligence, reconnue par tous. Brillant théologien et profond philosophe en quête de la vérité, comme le furent les véritables penseurs depuis la Grèce antique. Un de ses grands combats sera celui de démontrer que foi et raison ne sont pas antinomiques, à la suite de Jean-Paul II et de son encyclique « Fides et ratio » (14 juillet 1998). Il développera ce thème, essentiel pour lui, dans plusieurs discours dont ceux de Ratisbonne, de la Sapienza, des Bernardins, ou encore de Nations-Unies. Et, par son encyclique « Caritas in veritate » (29 juin 2009), il démontera que vérité et amour sont indissociables.

Pape remarquable aussi par son humilité, alors même que son intelligence aurait pu lui donner un sentiment de supériorité intellectuelle. Il se définissait lui-même comme « l’humble serviteur des serviteurs de Dieu » ou comme « humble et simple travailleur dans la vigne du Seigneur » (19 avril 2005, loggia de Saint Pierre, après son élection). Or cet homme fut investi des plus hautes responsabilités de l’Eglise catholique, sans jamais les avoir cherchées. Au contraire. Nous sommes là à des années lumières du monde politique qui souvent le combattra.

Pape remarquable par sa volonté de réformer l’Eglise, de la « nettoyer ». Ce fut le cas tant pour les affaires financières que pour celle de mœurs et de pédophilie pour lesquelles il exigea une tolérance zéro.

Pape remarquable enfin dans sa volonté de réconcilier les chrétiens entre eux. Réconciliation bien sûr entre les traditionnalistes et l’Eglise, ceux fidèles à Rome comme ceux séparés de celle-ci à la suite de Mgr Lefebvre. Fracture en vérité incompréhensible car l’esprit peine à comprendre pourquoi la fidélité à un rite vieux de cinq siècles et qui fut celui selon lequel furent ordonnés ou sacrés bien des prêtres et des évêques encore en exercice, a pu susciter une tel rejet de la part de la hiérarchie. Et cette volonté de réconciliation s’est étendue aussi hors de l’Eglise catholique romaine vers les orthodoxes, les anglicans, qui furent accueillis nombreux au sein de l’Eglise, et les protestants. Dans la vérité et non dans l’ambiguïté.

Remarquable aussi fut le déchaînement de mauvaise foi, d’attaques et de critiques dont ce grand Pape fut l’objet. Alors même qu’il n’était « que » Cardinal, il avait été affublé de la qualification de « PanzerKardinal », ce qui suggérait à la fois un caractère intraitable et évoquait le détestable passé de l’Allemagne. Or le ridicule d’un tel surnom est criant pour tous ceux qui l’ont connu, voire simplement rencontré ou approché et qui peuvent témoigner de l’extrême bienveillance, de la douceur, de la bonté et même de la timidité de cet  homme issu d’une famille hostile au national-socialisme, mais qui fut enrôlé de force dans les mouvements de jeunesse du régime. Comme ce fut le cas de la jeunesse dans tous les régimes totalitaires, soviétique, maoïste, ou castriste.

L’interprétation malveillante du remarquable discours de Ratisbonne, à propos d’une citation de l’empereur Manuel II Paléologue, présentée avec beaucoup de précautions oratoires par le pape qui en soulignait la rudesse et le contexte historique, est un parfait exemple des manipulations malveillantes dont Benoît XVI fut la victime, y compris de la part de l’appareil du Vatican. Quant aux réactions d’une violence inouïe d’une partie du monde musulman, elles démontrent simplement que l’Empereur byzantin soulevait une vraie question.

Sa mort n’a pas mit fin aux attaques indignes. La sénatrice Vogel a ainsi cru bon de réagir de façon vulgaire et grossière au message du Président de la République aux catholiques de France à l’occasion de la mort du Pape émérite. Faut-il s’en étonner? Lounatcharski, compagnon de Lénine, n’a-t-il pas déclaré un jour : « Ce qu’il nous faut, c’est la haine ». Les marxistes, après avoir fait couler des fleuves de sang, n’ont pas changé et il est si logique qu’ils haïssent ceux qui essaient de suivre, tant bien que mal, Celui qui déclarait « aime ton prochain comme toi-même ».

Benoît XVI s’en est allé. Lui qui avait demandé aux fidèles : « Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups » a subi, plus que d’autres, la fureur de la meute. Il est vrai qu’il avait osé rappeler la condamnation de la franc-maçonnerie et que « la miséricorde du Christ n’est pas une grâce à bon marché, elle ne suppose pas la banalisation du mal ». Pire encore, il avait affirmé que « la vérité est une personne, et c’est par l’amour que l’on parvient jusqu’à elle ». Intolérable pour les relativistes qui considèrent qu’il n’y a pas de vérité, et surtout pas le Christ, et qui, en fin de compte, lui reprochaient avec véhémence d’être un pape catholique ! C’était son devoir et ce fut sa grandeur. Ses derniers mots ont été : « Je t’aime Seigneur ». Ne doutons pas de la réponse.

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9 commentaires

  1. Je sens venir la 4° canonisation de Pape depuis Vatican II. Cela devient maintenant automatique. Deux papes canonisés en plus de 4 siècles (Pie V et Pie X) et déjà trois en 60 ans.
    Bientôt celle de Jean Paul 1° dont la béatification se prépare et celle de François doit être déjà prête dans les cartons. Santo subito va-t-il devenir santo in vita ?

  2. S’il y a quelqu’un qui mérite d’être béatifié, voire canonisé, à mon humble avis c’est bien Benoit XVI car je pense qu’il était profondément chrétien et qu’il a voulu redonner tout son sens à la Messe. Qu’il a certainement beaucoup souffert moralement…. Combien de saints du Moyen-Age ont été déclarés Saints par la “vox populi”.
    Mais il vrai que trop canoniser devient dévalorisant. Pour moi Benoit XVI est un saint.

    • Ne pas oublier le comportement déterminant de l’abbé Ratzinger en tant que théologien privé du Cardinal Frings face au cardinal Ottaviani, secrétaire du Saint Office, pendant le concile Vatican II qu’il a fait basculer en véritable tsunami dans l’Eglise.
      C’est l’héroïcité des vertus qui détermine la canonisation et non les simples qualités minimales requises d’un Pape. En l’occurrence, y a-t-il vox populi pour Benoît XVI ?

  3. Pour Benoît XVI, il sera canonisé et Docteur de l’Eglise.

  4. Canonisés ou pas, Dieu reconnaitra les siens.

  5. Depuis le 8 janvier je n’ai reçu aucun article nouveau de Salon Beige. Est-ce mon ordinateur qui a un problème ou est-ce le cas de tous ?
    Pardonnez-moi de faire ma démarche ici.

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