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Culture : cinéma

Bella

Bella

Bella est diffusé par e-cinéma du 9 février, jusqu’au 28 février. Il est possible de s’inscrire sur ce lien. Chaque séance étant suivie d’un échange avec un intervenant.

New-York.  Gloire du football à la carrière brisée suite à un drame, aujourd’hui cuisinier dans le restaurant mexicain de son frère Manny, José s’est retiré du monde. Nina, une jeune serveuse enceinte et en détresse, se fait licencier du restaurant pour être arrivée en retard. Délaissant sa cuisine, José décide de l’accompagner. Au cours d’une longue journée à New York, ils vont non seulement affronter leur passé, mais découvrir comment le pouvoir de guérison d’une famille peut les aider à embrasser l’avenir. Avec : Eduardo Verastegui (José), Tammy Blanchard (Nina), Manny Perez (Manny), Angelica Aragon (la mère de José, Manny et Eduardo), Jamie Tirelli (Le père), Ramon Rodriguez (Eduardo), Armando Riesco, Francisco, le manageur), Aly Landry Monteverde (Celia), Ewa Da Cruz (Veronica), Alexa Gerasimovich (Loochi), Herb Lovelle (le SDF), Tawny Cypress (Frannie), Doug DeBeech (Pieter), Michael Mosley (Kevin), DominicColon (Pepito), David Castro, Wade Mylius, Michael Chin, Marylin Torres, Jim Stanek, Teresa Yenque, Sara dawson, Jamie Schofield, Lukas Behnken, Melinda Peinado, Kola Ogundira, Hudson Cooper, Ana Wolfington, Anthony Ippolito, Willian Johnson, Maurice Carr, Yuichi Ida. Scénario : Alejandro Monteverde, Patrick Million, Leo Severino. Directeur de la photographie : Andrew Cadelago. Musique : Stephan Altman.

Récompenses : Prix du publicau Festival International de Toronto (2006), Grand Prix du Festival International du film de Heartland d’Indianapolis (2006), Legacy Award de la Smithsonian Institution.

Génèse…

Il parait intéressant de s’attarder quelque peu sur l’origine du projet de Bella. Lorsque le projet débute, nous sommes encore au début du mouvement cinématographique des « Faith Based Movies » qui nait outre-Atlantique après le succès rencontré par La Passion du Christ (2004) de Mel Gibson. Dans ce mouvement, un groupe de « latinos » va prendre une place particulière.  De la rencontre en 2004 du réalisateur mexicain Alejandro Monteverde, de Leo Severino qui va quitter la 20th Century Fox, de Sean Wolfington et du comédien Eduardo Verastegui, nait la société de production cinématographique, Metanoïa films. Une raison sociale qui n’est pas neutre puisque ce mot grecque signifie en théologie la repentance ou la pénitence et que l’on peut aussi l’utiliser dans le sens de conversion. C’est qu’en effet les quatre mousquetaires installent la société Metanoïa films à Beverly Hills mais son objet est de produire des films dont les thèmes sont clairement chrétiens. Le seul parcours d’Eduardo Verastegui explique très bien la motivation des quatre associés. Acteur, mannequin et chanteur mexicain, Eduardo Verastegui redécouvre la foi catholique avec son professeur alors qu’il suit des cours de prononciation d’anglais. Il est alors résolu à changer de mode de vie et déclare qu’il est décidé à refuser les offres qu’il aurait de jouer des rôles dans des films en conflit avec sa foi catholique ou qui insulteraient ses frères latinos. Mieux encore, dans un entretien publié par Catholic Report, il explique qu’il est déterminé à assister à la messe quotidiennement, à réciter le chapelet et à se confesser au moins une fois par semaine. Ainsi, Bella devient la première réalisation initiée par Metanoïa Films.

Si tu as envie de faire rire Dieu, racontes-Lui tes projets !…

Le film aborde d’une manière très délicate la question de l’avortement et surtout qu’il est possible de l’éviter. L’essentiel du film, si on excepte l’introduction et la conclusion se déroule en une seule et longue journée qui va avoir un impact déterminant sur deux adultes puisqu’elle va leur permettre de surmonter un passé douloureux et de construire leur avenir. Concentré en une seule journée, ce mouvement de Metanoïa qui bouleverse ces deux vies, et qui donne tout son sens à la citation en voix off au début du film «Si tu as envie de faire rire Dieu, racontes-Lui tes projets ! », exige un travail scénaristique précis et une mise en scène très calculée qui sont au rendez-vous. Alejandro Monteverde et ses  coscénaristes utilisent plusieurs moyens pour animer ce drame intimiste inspiré d’un fait réel et lui éviter de tomber un peu à plat. Tout d’abord, ils situent l’action dans le milieu Latino de New-York  ce qui permet d’en faire une description très authentique et sympathique et de décrire les aspects positifs d’un milieu où la foi catholique est au centre de la vie. La famille qu’il nous est permis d’observer n’a en effet rien à voir avec celles, recomposées  et/ou décomposés, qu’il nous est donné de voir dans tant de films… La joie simple, la charité qui émanent de cette famille latino donne au film une connotation un peu féérique. Précisons d’ailleurs que c’est cette particularité sociologique du film qui a valu aux scénaristes et au réalisateur de recevoir le « Legacy Award » de la Smithsonian Institition pour la contribution positive du film à l’art et à la culture latinos. « Ce film dépeint la culture mais également la transcende (…) Il a un attrait universel » (Pilar O’Leary, directeur exécutif du centre latino de la Smithsonian Institution). Ensuite sur le plan de la réalisation, Alejandro Monteverde utilise adroitement le montage alterné d’actions simultanées ce qui dynamise le récit et permet de traiter certains passages avec une grande délicatesse. Ainsi, le passage au centre de consultation pour l’avortement est traité en plusieurs fois car alterné avec d’autres actions, évitant de sombrer dans le mélodrame sans occulter la gravité et le côté dramatique de la situation.  Enfin et surtout, avec une caméra très mobile et un montage assez nerveux, il filme au plus près les visages de ces êtres qui se métamorphosent doucement. Ce dernier point participe de façon déterminante à donner au film une tonalité spirituelle qui est essentielle. Et finalement, cette tonalité qui frise le conte de fée et celle plus spirituelle qui sourd, annoncent le petit chef d’œuvre que réalisera la même équipe neuf  années plus tard, Little Boy, qui adoptera très clairement le mode du conte cinématographique. Tammy Blanchard (Raisons d’État de Robert De Niro en 2006,  Blue Jasmine de Woody Allen en 2013) exprime avec beaucoup de justesse l’angoisse et le désarroi de la jeune femme pour laquelle l’avortement est à priori la seule solution envisageable à son problème. Quant à Eduardo Verastegui (Cristeros de Dean Wright en 2012, Son of God de Christopher Spencer en 2014, Little Boy d’Alejandro Monteverde en 2015), sa foi, ses convictions personnelles, ses choix drastiques et son regard profond et serein irradient toutes les scènes où il est présent et contribuent significativement à pousser le film vers le haut.

Un film qui évangélise

Une anecdote concernant Eduardo Verastegui et le film mérite d’être racontée ici. Alors qu’il fait des recherches pour son rôle dans Bella et que, dans ce cadre professionnel, il se rend dans une clinique d’avortement, il commence durant le voyage à parler à un couple hispanique qui allait dans cette clinique pour un avortement. Ceux-ci le reconnaissant dans ses rôles à la télévision mexicaine, l’écoutent décrire l’intrigue de Bella et le rôle qu’il va tenir dans le film. Finalement, le couple se ravise et décide de rentrer chez lui. L’histoire déjà très belle ainsi ne s’arrête pas tout à fait là car immédiatement après la naissance de leur enfant, les nouveaux parents appellent Eduardo Verastegui pour lui annoncer la bonne nouvelle, le remercier et lui demander la permission de nommer l’enfant Eduardo en hommage et en souvenir de lui. Quelques semaines plus tard, Eduardo se fit un devoir de rendre visite au petit Eduardo. Cette histoire est sans doute le premier miracle du film qui devrait en faire d’autres… en plus de toucher au cœur le spectateur en raison d’une attachante sincérité et d’une délicate et émouvante bienveillance.

Bruno de Seguins Pazzis

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