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Culture de mort : Avortement / France : Politique en France

Avortement : Jeanne Smits répond aux propos de Marine Le Pen

Suite à l'entretien de lundi, Jeanne Smits réagit dans le numéro de Présent du jour (les abonnés internet l'auront déjà lu hier) :

M "je crois qu’il faut d’abord souligner ceci : sa prise de position, qui ne l’engage pas moins qu’une déclaration à RMC par exemple – et qui serait déjà unique dans le paysage politique français si elle parvenait à la défendre comme représentante d’un parti non groupusculaire à l’occasion d’élections prochaines – la montre favorable à une politique « massive » d’accueil de la vie en vue de réduire de manière considérable, voire quasi totale, le nombre des avortements. Et pour cela, dit-elle, il faut montrer que l’avortement n’est pas « l’acte anodin » qu’en a fait le Planning familial, « en contravention avec la loi initiale de 1976 » (1975, en fait, date d’entrée en vigueur de la loi Giscard-Chirac-Veil).

C’est une volonté que l’on peut évidemment saluer. C’est à peu près ainsi que la Croatie a réussi à faire baisser de 80% son nombre d’avortements par rapport aux chiffres colossaux de 1975. La loi n’a pas été modifiée, mais un effort conjoint d’éducation générale, de mises en place progressives d’aides à la maternité et d’accueil des femmes enceintes, auquel l’Eglise catholique a largement participé, a permis de mettre partiellement fin au massacre. A noter, dans cet exemple, le rôle joué par une prise de conscience spirituelle et morale, qui ne semble pas être pour demain en France. Pour autant, il faut relativiser l’exemple croate où, aujourd’hui, on ne compte enfin plus davantage d’avortements que de naissances, mais tout de même un avortement pour cinq naissances (à comparer à un avortement pour quatre naissances en France). […]

Faut-il tout prendre et tout soutenir qui puisse poser une limite à la destruction légale des tout-petits ? Evidemment, oui. C’est, en somme, ce que propose Marine Le Pen à des électeurs potentiels […]. Mais elle se dit opposée à l’abrogation de la loi Veil. Elle l’a dit en termes plus clairs encore chez Jean-Jacques Bourdin sur RMC, le 3 décembre dernier : «En ce qui me concerne, je ne reviendrai pas sur la loi Veil.» Elle estime, comprend-on au travers de ses réponses à Présent, que ce serait politiquement… pas malin. Et elle ne le veut pas, clairement.

A Et là, elle accuse en somme ceux qui veulent cela, ceux qui veulent la fin du permis légal de tuer les tout-petits, de mener un combat d’arrière-garde, un combat qui compromet ceux, actuels, contre l’euthanasie et l’aggravation des lois bioéthiques, un combat «perdu il y a trente-cinq ans», quasiment une fixette de vieille dame rabougrie qui ne s’offre jamais le plaisir de manger du pain frais de peur de laisser perdre le pain rassis. Cela est suffisamment vif – et faux – pour que Présent y revienne, et réplique. S’il fallait renoncer à toutes les batailles au motif qu’elles ont été naguère perdues, il ne resterait plus grand-chose à faire. La mondialisation est inéluctable. La bataille de l’immigration massive a été perdue avec la loi sur le regroupement familial. La sortie de l’Union européenne fédéraliste devient difficilement envisageable. Etc.

Combattre aujourd’hui l’euthanasie et l’utilisation des embryons humains comme matériel de laboratoire, c’est bien, urgent et nécessaire. Mais au nom de quoi s’il n’est pas d’abord posé que la vie doit être respectée et protégée depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ? Comment accepter – même par exception – que l’on puisse légalement tuer un être humain à 12 semaines de gestation et réclamer qu’on n’y touche pas un jour après sa « création » en éprouvette ? Comment oser dire, enfin – oui, c’est une caricature – que le mouvement pro-vie ne demande que l’abrogation de la loi Veil, alors qu’il a soutenu et soutiendra toutes les initiatives qui permettraient réellement d’aider les femmes enceintes, de réduire le nombre d’« IVG » et de rendre aux Français la conscience de la réalité de cet acte ?

L’abrogation des lois autorisant et protégeant l’avortement est un but : un but nécessaire et qu’il est nécessaire d’affirmer, car le grand désordre de la situation actuelle est précisément la protection publique et légale d’un acte qui tue, plus de 200 000 fois par an, un membre de notre communauté d’êtres humains. C’est une position qui n’a en soi rien de confessionnel, mais l’affirmation d’un devoir humain et politique. Un devoir politique certes plus facile à percevoir si les victimes étaient, par exemple, tuées à la naissance au lieu de l’être dans le sein de leurs mères, ou s’il s’agissait de centaines de milliers de victimes mourant dans des camps de concentration. La particularité de l’avortement, c’est qu’il est caché. […]

D’ailleurs le programme du Front national approuvé en 2000, toujours en vigueur en 2002 comme en 2007, contient explicitement l’abrogation des lois sur l’avortement (contrairement au programme présidentiel de Jean-Marie Le Pen). Marine Le Pen affirme aujourd’hui l’inverse, mais il est assez facile de vérifier…

Qu’on doive parvenir par étapes à la mise en place d’une législation pleinement respectueuse de la vie, cela est hélas plus que probable. Si Marine Le Pen le veut bien, elle précisera d’ailleurs peut-être quelles sont les mesures protectrices de l’avortement qu’elle abolira, concrètement, si elle en a le pouvoir : le remboursement de l’IVG ? Le délai légal porté de 10 à 12 semaines de gestation ? L’obligation pour les chefs de service de gynécologie-obstétrique des hôpitaux publics d’organiser les IVG ? La publicité aujourd’hui autorisée pour l’avortement ? L’existence d’un délit d’entrave à l’IVG, aggravée en 2001 pour réprimer les « pressions morales et psychologiques » pour dissuader une femme d’avorter ? Jugerait-elle cela politiquement « malin » de le dire ? Jugerait-elle « malin » d’affirmer que l’avortement tue : l’enfant matériellement, et la mère psychologiquement et moralement ?"

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