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L'Eglise : Benoît XVI

Autorité politique mondiale et civilisation de l’Amour

Lu dans L'Homme Nouveau du 10 octobre :

"Animal social et politique en même temps que religieux, l’homme est un être essentiellement familial : la famille est (dans l’ordre de genèse) la première des sociétés naturelles, «l’élément naturel et fondamental de la société» (déclaration des droits de 1948). Mais la famille est une société dite «imparfaite» en philosophie, car elle ne possède pas en elle tous les moyens nécessaires pour atteindre sa propre fin : c’est pourquoi les familles s’unissent pour former la société politique par dessus les diverses communautés de travail et de culture. Il existe, en effet, deux sociétés « parfaites », non pas par la perfection de leurs membres toujours pécheurs, mais au sens où elles permettent à l’homme et aux familles de s’accomplir dans deux ordres (temporel et spirituel) distincts mais unis : la société politique et l’Église catholique.

L’Église universelle est une société hiérarchique simple, au sens où elle se compose immédiatement de personnes individuelles. La société politique est complexe ou organique au sens où elle est composée immédiatement d’autres sociétés (familles ou corps intermédiaires entre la famille et l’État) et médiatement d’individus : c’est une société naturelle (temporelle) de familles, alors que l’Église est une société surnaturelle (spirituelle) de personnes. Cette complexité de la société politique, mue par les principes conjoints de subsidiarité et de totalité, rend sa souveraineté plus difficile à situer ou à cerner que pour l’Église. […]

B Selon une inspiration déjà ébauchée par ses prédécesseurs (depuis Pie XI), Benoît XVI, dans sa dernière encyclique Caritas in veritate, vient repousser les limites de cette souveraineté par une unité sociale supérieure qui constituerait la société politique parfaite des États. […] Étant donné l’évolution du monde et de l’humanité, peut-on dire qu’il n’existe plus, de nos jours, de société parfaite temporelle au sens strict du mot ? C’est, semble-t-il, le constat du Pape qui propose d’en constituer une au niveau international et du bien commun mondial, pour satisfaire notamment au principe de solidarité et de la destination universelle des biens par le moyen naturel de la subsidiarité et la leçon des talents. Pour atteindre le bien intégral de l’homme (tout l’homme et tous les hommes), sont aujourd’hui nécessaires des biens et des relations en nombre accru, sur lesquels un État seul ne peut compter, ne pouvant se suffire à lui-même. Mais de même qu’il existe «une compétence primordiale des familles par rapport à l’État» (n. 44), on doit analogiquement inférer une compétence primordiale des États (une souveraineté propre, relative, jouissant suffisamment de moyens pour obtenir dignement et adéquatement sa fin) par rapport à cette autorité politique supérieure. Familles et nations, d’abord !

Dans le contexte actuel du mondialisme, de l’économisme et de la culture de mort, cela peut paraître bien théorique sinon abstrait, voire utopique. Cela se tient en tout cas au plan des principes de la doctrine sociale de l’Église et permet d’apercevoir ce que pourrait être la nouvelle chrétienté, « la civilisation de l’amour», si les deux internationales savaient se réunir sous la double et unique loi divine : la loi naturelle et la loi d’Amour."

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4 commentaires

  1. Théologiquement, il est faux de dire que l’Eglise universelle est principalement une société de personnes. L’Eglise universelle est fondée sur Pierre et les Apôtres : c’est donc d’abord une société d’églises particulières (les diocèses).

  2. Formidable retour en arrière !
    Souvenons-mous de Boniface VIII, de la Bulle Unam Sanctam rt de Léon Bloy, écrivant, en plein pontificat de Pie X :
    “I. Je suis pour la Théocratie absolue, telle qu’elle est affirmée dans la Bulle Unam Sanctam de Boniface VIII.
    II. Je pense que l ‘Eglise doit tenir en mains les Deux Glaives, le Spirituel et le Temporel, que tout lui appartient, les âmes et les corps, et qu’en dehors d’Elle il ne peut y avoir de salut ni pour les individus ni pour les sociétés.
    III. Enfin j’estime qu’il est outrageant pour la raison humaine de mettre en question des principes aussi élémentaires. »
    MON JOURNAL, 19 mai 1897 (page 57)

  3. correction du Ze paragraphe ; lire :
    Souvenons nous de Boniface VIII, de la Bulle Unam Sanctam et de Léon Bloy, écrivant, quelque six ans plus tard, en plein pontificat de Pie X :…

  4. pas “six ans”, c’est un lapsus, “six siècles”.

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