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Culture de mort : Avortement

Après son avortement, elle a sombré en dépression

Témoignage de Lucie Monnac, aujourd'hui âgée de 32 ans, dans Ouest-France

« C’est arrivé quand j’avais 19 ans. J’étais alors une étudiante sans soucis, en première année de bac pro, école hôtelière, avec de très bons résultats : je me formais pour travailler sur des bateaux de croisière. J’avais trouvé ma voie professionnelle sans trop difficultés. J’aimais sortir, voir des amis, j’avais un petit ami. Et puis j’ai appris que j’étais enceinte. Mon petit ami de l’époque, sa famille, aussi bien que mon entourage m’ont tenu le même discours. Me poussant à avorter. M’assénant cette phrase insupportable : « Tu en auras plus tard. » Comme s’il s’agissait d’une appendicite que l’on vous retire et que l’on oublie

Après cet événement, j’ai sombré. J’étais un zombie. J’étais obnubilée par ce que j’avais fait. J’en voulais à mes proches de m’avoir forcée à avorter. Je m’en voulais à moi de les avoir écoutés, de ne pas avoir suivi mon instinct. Je n’avais plus d’avenir. Aujourd’hui, je parviens à poser des mots que ce que j’ai ressenti à l’époque, cette douleur indicible m’aveuglait. Et j’ai tenté de mettre fin à mes jours. Une fois puis une seconde. On m’a alors internée en hôpital psychiatrique, expliquant à ma famille que j’étais un danger pour moi-même.

Ce fut alors trois années d’enfermement total où l’on m’a gavée de médicaments 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Augmentant les doses quand je retrouvais mes esprits. Sans possibilité de sortie. Sans visites de mes proches. Entourée de personnes démentes. La psychiatrie n’a fait qu’amplifier mon mal-être. J’avais encore plus envie de mourir. Je ne considère pas la dépression comme une maladie : pour moi, elle ne se soigne pas à coups de médicaments. J’avais une douleur intense qui avait besoin de sortir, pas d’être endormie.

Au bout de trois ans, le psychiatre qui régissait ma vie a enfin accepté que je puisse rentrer dormir chez moi le soir. Une ambulance venait me chercher le matin pour m’emmener à l’hôpital de jour avant de me ramener en fin de journée, à la maison. Petit à petit, j’ai pu passer plus de temps chez moi, reprendre le dessus. J’ai stoppé les médicaments toute seule, supporté des syndromes de sevrages violents.

J’ai essayé de renouer le contact avec mes amis de l’époque. Je voulais reconstruire ma vie, à partir de là où je m’étais arrêtée. Mais eux avaient évolué et certains m’avaient tourné le dos car quelqu’un qui a été enfermé fait peur, garde une étiquette de personne instable et dangereuse. À 23 ans, j’ai rempli ma voiture et j’ai fait 600 km pour m’installer à Renac, près de Redon, où j’avais rencontré un garçon. C’était en février 2005. Ce jour-là, il faisait un soleil grandiose. Dans mon cœur, je n’avais ni regrets ni doutes. J’ai su instantanément que je m’en étais sortie et que je laissais cet épisode de ma vie derrière moi. […]"

Mais à part ça, le traumatisme post-avortement n'existe pas… Aujourd’hui, en couple, elle est maman d’une petite fille de 5 ans. Elle n'a plus de haine ni de colère. Mais elle veut mettre en lumière ces pratiques médicales. Elle raconte son histoire dans un livre, intitulé « Dors, demain ça ira mieux ».

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