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France : Société

A quand autant d’énergie contre les suicides que contre les excès de vitesse ?

Lu dans L'Homme nouveau :

S "La France a le triste privilège de se ranger parmi les pays qui affichent la plus forte mortalité par suicide (après la Finlande, le Danemark et l’Autriche). Il y a dans notre pays un suicide toutes les cinquante minutes… L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) recensait 10 353 morts par suicide en 2008 (tous âges confondus) contre 10 127 en 2007. Si, après trente ans d’augmentation, le chiffre de suicides semble s’être stabilisé autour de 10 000 à 12 000 décès par an depuis 1993, il n’en demeure pas moins supérieur au nombre de victimes du sida et deux fois plus important que celles de la circulation routière. Encore ces chiffres sont-ils sous-estimés d’environ 20 % selon un rapport du Haut Comité de la Santé publique. Du fait d’un défaut de déclaration ou de l’existence de suicides « cachés », inscrits dans d’autres rubriques de décès comme les intoxications ou les accidents. On dénombre en outre plus de 130 000 tentatives de suicide par an, soit plus de 10 fois le nombre de suicidés. […]

Un suicidé sur deux a moins de 50 ans. Si les hommes inactifs entre 25 et 59 ans se suicident deux fois plus que les actifs, le Conseil économique, social et environnemental estime à 300 ou 400 le nombre de suicides liés au travail. La France a ainsi connu plusieurs vagues importantes de suicides dans le monde professionnel, plus ou moins médiatisées : dans le secteur automobile et à France Télécom depuis 2008, à la Poste aujourd’hui et toujours dans la police et le monde agricole… […] Impensable encore il y a quelque temps, en sus du suicide des jeunes et des adolescents (en augmentation notamment à cause de l’expansion d’incitations plus ou moins sataniques par internet), apparaît maintenant le phénomène du suicide chez des enfants ! Selon une enquête menée par l’Inserm, 2 % des 11-12 ans déclaraient en 2003 avoir tenté de mettre fin à leurs jours. En 2006, 522 jeunes de 15 à 24 ans s’étaient suicidés et 30 de moins de 15 ans. « Cela renvoie à un grand désespoir. L’enfant a l’impression qu’il ne pourra jamais être aimé comme il l’attendait », commente Christian Flavigny, l’un des quelques psychiatres à avoir étudié les gestes suicidaires chez l’enfant. Il résume là en réalité la raison majeure du suicide à tout âge (y compris par mode d’euthanasie) et son engrenage extensif : « L’environnement (sociofamilial de l’enfant) est remarquable par son caractère peu sécurisant et peu contenant », selon une autre enquête effectuée entre 2004 et 2005 au CHU de Saint-Étienne. Une crise d’identité causée par une crise d’amour. Plus qu’un problème de santé publique, le suicide est un problème de santé morale, révélateur du mal-être social engendré par la culture de mort."

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