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L'Eglise : L'Eglise en France / Religions : L'Islam

A propos du « Tout-Miséricordieux »

A propos du « Tout-Miséricordieux »

La qualification de Dieu peut sans doute être considérée comme un point majeur de toute foi.

Sans vouloir faire de la théologie de pointe mais bien plutôt exprimer une foi ordinaire, on peut sans trop se tromper dire deux choses :

  • Dans la foi chrétienne, le Christ nous apprend à dire « Notre Père ». Dieu le Père est le premier de la Sainte Trinité, avec le signe de croix : « Au nom du Père… ». Et le Credo commence : Je crois en Dieu le Père…
  • Dans la foi musulmane, Dieu a 99 qualificatifs. Le premier est : « le Tout-Miséricordieux » ; le 2èmeest « le Très-Miséricordieux ». Trouve-t-on dans la liste un qualificatif  Père ? Non. Rien, nada.

Et maintenant, une question : pourquoi les autorités catholiques, quand elles veulent parler de Dieu à des musulmans, n’emploient-elles que les termes… musulmans ?

Vous voulez quelques exemples ? Allons-y :

  • Le plus récent (et le plus hallal) : le 21 avril 2020, le Père Feroldi, grand ordonnateur du SNRM ((Service national de la Conférence des Evêques de France pour les relations avec les musulmans) qui s’extasie quotidiennement devant les beautés de l’islam, a tweeté le 21 avril, à propos du décès d’un imam, qu’il le confiait au « Tout-Miséricordieux ».

  • Un peu moins récent : après la diffusion le 25 mars 2020 d’un appel à la prière à partir de la grande mosquée de Lyon et certains de la droite française ayant osé y voir un « appel à la prière islamique» (ce qui était exactement le cas), les responsables religieux juifs et chrétiens de la métropole de Lyon ont publié un communiqué de soutien au recteur de la mosquée. On y lit : « Nous sommes les témoins d’un Dieu miséricordieux qui refuse la haine et qui ouvre les portes sur l’espérance ».
  • Plus anciennement, en mai 2019 à l’occasion de la fin du ramadan, l’évêque de Nantes avait appelé sur ses amis musulmans la bénédiction du Dieu, le Tout-Puissant et Miséricordieux après un paragraphe décrivant l’islam comme « enraciné dans les valeurs de la paix, défendant les valeurs de compréhension mutuelle, de fraternité humaine et de coexistence harmonieuse », comme le démontrent si bien chaque jour les attentats musulmans ou les oppressions des minorités religieuses dans les pays musulmans. Tout-Puissant, c’est bien aussi : 8ème dans l’ordre des 99 noms.

Mais il est vrai que l’exemple vient d’en haut. Dans la lettre citée, l’évêque se réfère au document sur la fraternité humaine que venait juste de signer le Pape François après deux voyages dits apostoliques,  l’un aux Emirats Arabes Unis (Abou Dabi) du 3 au 5 février 2019, l’autre au Maroc, les 30 et 31 mars.

Le Salon beige avait alors relevé une sorte de schizophrénie sémantique :

  • Dans le discours prononcé par le Pape lors de sa rencontre avec les prêtres et les religieux au Maroc, le Christ est cité 5 fois, Jésus 10 fois, 4 fois le mot «Père » et 6 fois le mot « amour » (le mot miséricordieux n’est JAMAIS utilisé) et le Pape définissait être chrétien comme « une rencontre, une rencontre avec Jésus-Christ.  Je vous encourage, sans autre désir que de rendre visible la présence et l’amour du Christ qui s’est fait pauvre pour nous pour nous enrichir de sa pauvreté » ; 
  • A contrario, dans les interventions face à des musulmans et dans les documents signés en commun, ces mots disparaissent quasiment (le Christ : cité une seule fois, lors de la rencontre avec les migrants ; Jésus : 0 fois ; Amour : une seule fois, encore lors de la rencontre avec les migrants, et associé à miséricordieux ; Père est cité 1 fois : « Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu » (Document sur la fraternité)) ; de même d’ailleurs que disparaissait toute annonce de l’Evangile : un seul extrait utilisé, lors de la rencontre inter-religieuse, et qui utilise les mots Loi et Prophète, tellement centraux pour des musulmans : « tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes » (Mt 7, 12).

Par contre, le mot « miséricorde » ou « miséricordieux » est utilisé 7 fois ; en particulier dans l’expression « Le Tout-Puissant, clément et miséricordieux », ou  « au nom du Miséricordieux qui nous a créés ».

A quoi peuvent bien servir des voyages dits apostoliques (qui concerne la propagation de la foi chrétienne  –Larousse dixit…) pendant lesquels on ne reprend que les termes de ses interlocuteurs musulmans ?

A quoi peut bien servir un dialogue institutionnel entre catholiques et musulmans dans lequel n’apparaissent que les termes de la foi musulmane ?

Sans doute à exactement la même chose que dans les contacts entre la Conférence des évêques de France et le pouvoir exécutif sur le sujet de l’exercice du culte en périodes de confinement et de déconfinement : à rien au mieux. A perdre l’expression de la foi au pire.

Alain Besançon le rappelait en suggérant raisonnablement la recherche de bons rapports entre musulmans et catholiques sur le terrain de la morale commune, des vertus communes, mais en évitant à tout prix de se placer sur le terrain religieux parce que c’est là que commence la confusion.

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