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Liberté d'expression

A propos de l’épuration d’oeuvres littéraires

A propos de l’épuration d’oeuvres littéraires

Guillaume Bernard est interrogé dans L’Homme Nouveau à propos de la réécriture d’oeuvres littéraires, afin de les rendre politiquement correctes :

[…] Il s’agit d’une censure qui ne s’assume pas comme telle, en violant tous les principes du droit pénal qui régit les principes de la liberté d’expression. Le droit n’est pas rétroactif. Or, cette censure est rétroactive sur des ouvrages publiés avant que ne se soit imposée l’idéologie indifférentiste. Il s’agit d’une réécriture de l’histoire, d’une négation de ce qu’a été la production intellectuelle et littéraire. C’est un nihilisme complet, extrêmement dangereux.

Quels sont les critères de lectures de ces « lecteurs sensibles » ?

Il faut plutôt parler de mécanismes intellectuels. J’en distinguerai deux. D’abord, le masochisme culturel qui conduit à une forme d’indifférentisme par lequel il se justifie. Il faut niveler, faire disparaître les aspérités et les différences culturelles, surtout dans les sociétés occidentales. Le deuxième mécanisme peut être, en fonction des protagonistes, soit du terrorisme intellectuel assumé, soit de l’indigence intellectuelle qui les emmène vers une forme de nihilisme.

Quelle idéologie se cache derrière ces mécanismes ?

C’est l’idéologie du déracinement.

Fondamentalement, au-delà de la cancel culture ou du wokisme qui n’en sont que les manifestations actuelles, ce phénomène s’inscrit dans la volonté de déraciner les gens, de réduire leur identité à néant, ou à ce qui est commun à l’ensemble de l’humanité.

Nous voyons les manifestations médiatiques d’une idéologie plus profonde : l’artificialisation. C’est une conception purement artificielle de la société (contractualisme social) et de l’être humain (théorie du genre). L’homme se construit lui-même et prétend construire un monde idéal. Ce sont les ressorts du totalitarisme. Cette idéologie ne s’en rend même pas compte (et sauterait au plafond si on l’en accusait), mais ce sont les mêmes ressorts idéologiques : non policiers mais étatiques. C’est un totalitarisme mou, supposé venir de la société elle-même. Ce sont les lobbies qui agissent.

Hannah Arendt avait identifié la désolation comme le moteur du totalitarisme. Le déracinement des individus, de sorte que l’unique lien qui leur reste soit celui qui les lie à la puissance publique. Avant l’idéologie, pour qu’un État puisse contrôler les individus, il faut d’abord les déraciner. Grâce à la puissance publique, les individus ont un sentiment d’appartenance, ensuite, l’idéologie s’impose, comme en Chine.

Si nous revenons au sujet qui nous occupe : l’épuration des livres conduit à un déracinement identitaire. C’est du pain béni pour un régime qui voudrait être totalitaire. Les autochtones ne savent plus que la France est chrétienne, les immigrés n’ont plus aucun idéal : le déracinement est généralisé.

Quel est le danger d’une telle idéologie ? Jusqu’où peut-elle aller ?

Les hommes sont capables de tout, même de s’auto-détruire. Il est clair que cette idéologie fonctionne aujourd’hui car nous sommes dans une société où les populations occidentales ont admis une restriction de leur liberté collective au nom de la sécurité (comme on l’a vu avec la crise du Covid), en échange de plus de libertés individualistes (et non individuelles), autocentrées sur la vision narcissique que chacun a de lui.

Cela se traduit par cette capacité transgressive en matière sexuelle ou culturelle. L’individu pourrait se former et se reformer à condition d’être dans un cadre délimité. C’est ainsi que la censure peut être acceptée par l’opinion publique, malgré l’atteinte à la liberté d’expression sacro-sainte dans notre société.

On nous apporte la sécurité de manière collective, ainsi que des libertés nombrilistes. On revient au totalitarisme mou.

Nous sommes dans la situation ubuesque d’une société fiscalement étatisée mais où le champ du contrat libéral est étendu à des aspects qui normalement échappent au marché, une société de plus en plus individualisée du point de vue des libertés individuelles et de plus en plus collectivisée du point de vue des libertés collectives.

Cette situation n’était pas vraiment envisageable il y a 30 ans, lorsque s’affrontaient le modèle occidental et le modèle soviétique. […]

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2 commentaires

  1. Une société où nos élites ne s’inquiètent pas de la baisse du QI moyen car l’abrutissement du peuple est nécessaire à la dictature. Censure et bâillonnement sont l’expression de la perte d’autorité, ils. ne dirigent plus ils subissent.

    à l’école du Louvre l’écriture inclusive détonne.

  2. “Surtout dans les sociétés occidentales”…vous pourriez dire : exclusivement dans les sociétés occidentales, à l’heure où il faut sauver le peuple massaï, adorer le bouddhisme jusque dans les supermarchés, n’écouter que de la musique africaine ou coréenne, et glorifier l’armée israélienne, ce que nous faisons sans complexe dans notre pays antimilitariste !

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