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Immigration

32 millions de personnes veulent émigrer vers la France

De Jacques de Guillebon dans La Nef :

L-ge-des-migrations_9782746744639"En 1891, un recensement des étrangers par la République française – la notion d’immigré n’existant pas encore – ne dénombra que 800 Africains et 300 Asiatiques sur le sol national. L’immigration ne consistait alors qu’en des populations venues de pays extrêmement voisins, pour la France de Belgique, d’Italie et d’Espagne. La comparaison avec notre époque devient plus vertigineuse encore si l’on suit l’étude de l’Institut Gallup réalisée entre 2008 et 2010 – dont il faudrait d’ailleurs amplifier certainement les prédictions avec le temps – selon laquelle plus de 600 millions de personnes dans le monde seraient prêtes à émigrer définitivement, dont 32 millions vers la seule France, c’est-à-dire l’équivalent de la moitié de sa population actuelle. Ce dernier chiffre suffit à désigner le danger mortel que courent, plus que les nations elles-mêmes, les civilisations telles qu’on les connaît, danger que nombre de nos élites s’emploient à nier, soit qu’elles ne le mesurent pas, soit qu’elles aient quelque intérêt à ce que ces migrations se produisent, soit seulement que leurs idéaux les encouragent à courir ce risque. Il est évidemment possible de plaider, à travers un changement de population, un changement de mode de vie, de culture et de mœurs. Au moins faut-il l’avouer. Le démographe Hervé Le Bras, chez qui ces chiffres sont tirés, s’entête pourtant, comme beaucoup d’autres, dans une improbable dénégation.

Car dans son ouvrage L’Âge des migrations, tous les chiffres, les faits, les analyses démontrent que l’ère nouvelle dans laquelle nous sommes entrés, si le politique – donc la volonté d’ordonner, de réguler, de choisir – ne s’en mêle, nous mène inévitablement vers une sorte de chaos « multiculturaliste », qui n’est à l’avantage ni des populations des pays d’accueil ni des populations déplacées. Alors qu’il relève que de manière générale « le désir de migrer paraît […] le fruit de l’ignorance des conditions de vie des migrants dans les pays développés », il n’en déduit jamais qu’il serait meilleur pour le candidat migrant de demeurer chez lui, ni n’imagine aucun moyen que l’on pourrait prendre dans ce sens.

Le « migrant » est aujourd’hui perçu, en Europe, comme la victime de conflits ou de famines. Or, les données de Le Bras prouvent qu’il n’en est rien : ainsi note-t-il que le désir d’émigrer est présent dans toute l’Afrique sahélo-saharienne, dans le Maghreb et le Proche-Orient, sans que les guerres en soient responsables, puisque ce désir est aussi vivace dans les pays paisibles que dans ceux qu’ensanglantent les armes. Autre paradoxe, on découvre que si, en moyenne, plus le revenu augmente, moins le désir de migrer est fort, ce sont pourtant les personnes à plus haut revenu dans le pays de départ qui ont davantage envie d’émigrer, sans doute parce qu’elles en ont plus les moyens. Il n’y a donc pas de corrélation immédiate et permanente entre la pauvreté et la migration, ce qui invalide l’argument moral de l’accueil de l’autre aujourd’hui. Reste évidemment que c’est toujours pour trouver une vie meilleure que les hommes émigrent, et les sirènes de l’Occident matérialiste et confortable résonnent dans les têtes des habitants des pays en voie de développement. L’on constate très logiquement pour l’Europe la prévalence de l’immigration de personnes venues des anciennes colonies, particulièrement africaines. Même si pour les étudiants, il est intéressant de noter par parenthèse combien les ressortissants des pays du Sahel sont attirés par la Péninsule arabique, où ils reçoivent généralement un enseignement théologique, le wahhabisme et le salafisme ayant ainsi tendance à se répandre toujours plus.

Mais le phénomène des migrations ne contient pas pour nous uniquement l’immigration : il y a aussi ce départ de certaines élites françaises et européennes vers d’autres pays comme les États-Unis et le Canada. Le Bras parle même des « États-Unis et du désert mondial », comme il y avait naguère Paris et le désert français, s’appuyant notamment sur l’exemple des médecins qui ont tendance à trouver l’herbe plus verte outre-Atlantique. Car « les élites nationales, prises au filet de la mondialisation, se trouvent provincialisées ». À la fin, écrit Le Bras, « le cas de la France est exemplaire puisque, depuis 2008, les Français quittent le pays en plus grand nombre qu’ils n’y reviennent, tandis qu’entre un plus grand nombre d’étrangers qu’il n’en sort ». Le démographe va même jusqu’à émettre l’hypothèse glaçante qu’il existerait en France « un groupe minoritaire, comprenant 20 % de la population, (qui) désire émigrer et est d’accord pour que des immigrants arrivent, voire le remplacent ».

UNE VÉRITÉ DÉPLAISANTE

Être remplacé. Le gros mot est lâché et passe bizarrement inaperçu sous la plume de Le Bras quand, lorsque c’est un Renaud Camus qui le prononce et l’écrit, l’ire des censeurs se déclenche immédiatement. Même si le titre du livre du grand écrivain qui ici nous intéresse paraît un peu décalé après l’élection de Macron, 2017, Dernière chance avant le Grand Remplacement, la matière en demeure nécessaire et édifiante.

Quand Le Bras infère de ses propres démonstrations que le « repli » et la fermeture des frontières dépendraient d’une peur de voir son pays déchoir économiquement avec le double mouvement de départ des élites vers des pays supérieurs, et de l’arrivée de populations moins qualifiées depuis des pays inférieurs, Renaud Camus dit, lui, la vérité tout entière : que cette analyse partiellement juste ne rend pourtant pas compte d’un autre désir, profond, enfoui et légitime, celui de conserver ses mœurs, ou de les modifier librement, désir qui se manifeste aujourd’hui tant en Europe, qu’aux États-Unis, ou qu’au Japon. […]"

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