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Histoire du christianisme

30 000 religieux mobilisés pendant la Grande Guerre : qui s’en souvient ?

Lu ici :

"Depuis 1889, être religieux ou séminariste n’exemptait plus du
service militaire. L’historien Xavier Boniface estime à près de 30
000 ceux qui ont été mobilisés comme combattants (19 000 prêtres, 7000
novices ou religieux et 4000 séminaristes). Il y a eu aussi entre 800 et
1000 aumôniers. Sans compter les nombreuses religieuses dans les
hôpitaux à l’arrière.

Les chiffres étaient importants pour un pays marqué
par plusieurs années d’anticléricalisme et par la législation de
séparation de l’Église et de l’État qui, de 1901 à 1905, s’était
traduite notamment par l’expulsion des congrégations à l’étranger. « La
présence des prêtres et religieux catholiques dans la Grande Guerre a
symbolisé ce qu’on appelait à l’époque ‘‘l’union sacrée’’, c’est-à-dire
la réconciliation entre l’Église et la République laïque, souligne
Xavier Boniface. Les membres du clergé et les congréganistes se sont
mobilisés dès le début de la guerre, les seconds revenant en France pour
répondre à l’appel aux armes, qui s’imposait à eux. Le sens du
sacrifice des uns et des autres leur a vite conféré une légitimité
auprès de la troupe. »

« Face à la mort, de nombreux poilus retrouvent la dimension religieuse et la foi dans les tranchées »,
explique Mgr Ravel. L’aumônier militaire est à la fois celui à qui on
se confesse ou on se confie et celui qui administre les sacrements. Il
est d’autant plus estimé que, faisant le plus souvent partie des
infirmiers ou brancardiers, il accompagne les unités lors des assauts.

Non armés et amenés à intervenir à découvert, les aumôniers
payèrent un lourd tribut.
Tout comme les soldats qui étaient prêtres,
pasteurs ou rabbins, ils se sont souvent signalés par leur courage. On
ne compte pas ceux qui furent décorés. Ils furent nombreux (autour de 14
%) à mourir sous le feu de l’ennemi.

Le rôle des hommes et femmes de religion et, plus généralement, celui
de la foi religieuse furent importants durant le premier conflit
mondial. « Ils sont aujourd’hui occultés », regrette Mgr Luc
Ravel. Pour aider à combler ce déficit de mémoire, le responsable des
aumôniers catholiques a créé auprès de lui un « comité Grande Guerre »
comprenant des historiens et d’anciens militaires.

Parmi les religieux connus qui ont pris part à la Grande Guerre, on peut citer les jésuites Paul Doncœur et Theilard de Chardin, le fondateur de Notre-Dame de Vie le vénérable père Marie Eugène de l’enfant Jésus ou le spiritain Daniel Brottier.

Voici un (…) extrait du livre »Le poilu Saint-Emilionnais »

 » L’abbé Bergey, aumônier du 18e d’infanterie, n’était pas un
aumônier comme les autres, car il avait la manie de faire le coup de feu
avec les camarades, bien que ce fût très défendu. Sous sa soutane, il
avait la mauvaise habitude de porter un révolver, quelques grenades.
Cela se savait et on lui avait dit souvent qu’il risquait de se faire
fusiller, si jamais il était cueilli par l’ennemi.
Or, un jour, en exerçant son ministère près des blessés entre les
lignes, l’ennemi, justement, le cueillit. « Son affaire est faite »,
pensèrent tout de suite ses camarades.
Or il arriva ceci : aussitôt dans les lignes allemandes, l’aumônier est
fouillé et l’on trouve le couteau de tranchée, le révolver et une
grenade.
Simplement, il recommande son âme à Dieu et attend qu’on l’emmène lui
règler son compte, quand on le prévient que le colonel veut lui parler.
L’officier allemand lui dit : « Vous n’ignorez pas à quoi vous exposent
les armes qu’on a trouvées sous vos vêtement de prêtre. Mais on a trouvé
aussi des lettres que vous écriviez manifestement à des mères, à des
femmes, à des filles de soldats, pour les consoler, pour les remonter.

J’ai lu ces lettres. Et je tiens à vous dire que je serais heureux qu’un
pasteur allemand en écrive d’aussi belles à ma femme et à mes filles.
Retournez parmi les Français. Vous êtes libre. Réécrivez ces lettres,
car je tiens à garder celles-ci
. »"

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18 commentaires

  1. Dans son souci permanent de réunir les deux France, la république n’a pas hésité une seconde à envoyer des religieux en première ligne. Quelqu’en soit le prix, il lui fallait remporter cette guerre, quelqu’en soit le prix ! 1,4 million de morts et 2 millions de blessés.

  2. L’abbé savoyard Louis Cadoux a raconté sa guerre dans un livre très documenté, paru en 1959 : ” Et la foudre tomba”.
    Soldat au 6ème d’Infanterie Coloniale, il a combattu aux Dardanelles, à Salonique puis sur le front français.
    Il appartenait à un groupe de 7 séminaristes de Leysse près de Chambéry, incorporés en décembre 1914, dont 5 sont morts au combat.

  3. L’abbé Bergey a-t-il tué un allemand avec l’une de ses armes ?

  4. “30 000 religieux mobilisés pendant la Grande Guerre : qui s’en souvient ?”
    Certes, mais Hollande, dit le menteur, célèbre aujourd’hui les bons français selon le socialisme… donc les déserteurs mais certainement pas les religieux.

  5. J’avais beaucoup aimé cette histoire rapportée par Michel Janva quant au Père Bourjade, multiple décoré de guerre :
    “Un incident amusant se produisit lors de [son] dernier séjour familial. Il avait été invité à se rendre chez une de ses soeurs, à Lévignac, pour participer, comme invité d’honneur, à l’inauguration du monument aux morts. Dans le train, une clameur s’élève. Lui, d’abord absorbé dans la prière du bréviaire, n’y prête pas attention, mais le bruit gagne en violence et il comprend soudain qu’il est la cible de ces vociférations :
    “Planqués, ces curés, ils sont tous pareils, pendant que les autres se faisaient casser la gueule !”
    Très calmement, le père Bourjade vient trouver l’énèrgumène, ouvre son manteau et fait apparaître sa Légion d’honneur, sa Croix de guerre au ruban interminable tant les palmes y sont nombreuses, et d’autres décorations encore, et il lui adresse ces quelques mots…
    L’histoire plus détaillée: http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/05/planqus-les-cur.html

  6. L’Evêque de Luçon qui m’a confirmée : Monseigneur Cazeau, était une “gueule cassée” .

  7. Il y a ce livre magnifique :
    Dix mois à Verdun, Un aumônier militaire en première ligne
    Charles Thellier de Poncheville
    Il fut la lumière de l’espérance dans l’enfer de Verdun.
    Aumônier-brancardier de la 28 DI, l’abbé Charles Thellier de Poncheville a laissé une image quasi légendaire dans la mémoire des survivants de la terrible bataille. Ne ménageant jamais sa peine, méprisant le danger, il surgissait la où les poilus souffraient dans leur chair et désespéraient dans leur âme, leur prodiguant secours et consolation.
    Ce grand prédicateur, dont le philosophe Jean Guitton nous a laissé un portrait plein de révérence, a raconté dans ce livre ce que fut son apostolat durant les dix mois qu’il passa en première ligne, de février 1916 à janvier 1917.
    Peu d’ouvrages allient de façon aussi impressionnante la vérité, parfois effrayante, du témoignage et la noblesse du ton. Il fallait sans do être aussi absolument, aussi intégralement chrétien que l’était Poncheville pour regarder en face avec autant d’abnégation, de compassion et, disons-le, d’amour, l’humanité dans sa misère et sa déréliction. Mais on verra aussi, à la lecture de ces souvenirs, que ce prêtre, de la race dont on fait les grands saints, était un homme dont le simple commerce apportait un formidable réconfort aux poilus comme à leurs chefs. En témoigne ce portrait que brosse de lui l’un de ceux qui l’ont côtoyé dans la tranchée : ” Une causerie verveuse, spirituelle, bondée de faits, où l’intérêt du fond lutte avec élégance de la forme et le charme de la distinction. Une ironie fine, qu’ émousse avec charité sa foi chrétienne. A l’égard du plus minime, une politesse de grand seigneur. Comme soldat, un courage impeccable, souriant, tranquille, une égalité d’héroïsme égale à son égalité d’humeur “.
    On ne pouvait mieux présenter ce livre qui est le reflet de l’homme, ni plus ni moins.
    Sur Livres en Famille : http://www.livresenfamille.fr/p7970-charles_thellier_de_poncheville_dix_mois_verdun.html

  8. La première Guerre Mondiale fut une boucherie politiquement inutile amorçant le déclin de l’Occident… Certains diront : comment un Dieu Bon a-t-il pu permettre cela ?
    Ce serait oublier que cette immense croix, pesant sur des millions d’hommes en a rapproché beaucoup de la foi. Dans la vie civile d’une “Belle époque” continuée, ils auraient persévéré dans leurs libertinages et leurs concessions au paganisme… Mais là, dans la boue, avec les poux et les rats, sous les shrapnels et entre deux attaques-hécatombes, beaucoup allaient (en douce, par peur des copains) trouver l’aumônier, se confessaient et communiaient.
    Un grand nombre mourut, mais pour beaucoup, ce fut pour retrouver Celui qui est la Vie!

  9. LE NOMBRE DES MORTS, PRËTRES SEMINARISTES ET RELIGIEUX EST D’ENVIRON 5000/6000

  10. Le 2 août 1914, une circulaire de Louis Malvy, ministre de l’Intérieur, suspend l’application des lois anticongréganistes de 1901 et de 1904. En cette période où la guerre s’annonce, il s’agit de rappeler les religieux de leur exil pour les envoyer sur le front des opérations militaires. Dans le cadre du premier conflit mondial, 1 517 religieux meurent sur un total de 9 281 religieux mobilisés et 3 101 prêtres diocésains meurent sur un total de 23 418 prêtres diocésains mobilisés.

  11. En 1901 et 1904 la France avait voté en des lois antireligieuses. Celle du 1er juillet 1901 sur les associations introduit une exception pour les congrégations en les contraignant à obtenir une autorisation législative au lieu de faire une simple déclaration en préfecture. Les membres d’une congrégation non autorisée sont interdits d’enseignement. La loi du 7 juillet 1904 interdit l’enseignement à tous les religieux.
    2 500 écoles doivent fermer, les biens des congrégations sont séquestrés et environ 30 000 moines ou sœurs sont contraints à l’exil. Le 2 août 1914, au lendemain de la déclaration de mobilisation générale, ces lois anti-congréganistes sont suspendues par une circulaire du ministre de l’Intérieur, M. Malvy. Les 9 323 religieux revenus d’exil sont mobilisés. 1 237 d’entre eux seront blessés et 1 571 perdront la vie dans les combats. Moins de six ans après la fin de la guerre, le nouveau président du conseil, Edouard Herriot, annonce le 2 juin 1924 l’expulsion des congrégations, la suppression de l’ambassade auprès du Saint-Siège et l’application de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat à l’Alsace et à la Moselle.
    En réponse à ces mesures, le 2 août 1924, est créée la Ligue des Droits du Religieux Ancien Combattant par Dom Moreau, moine bénédictin de l’abbaye de Ligugé, ancien aumônier militaire grièvement blessé et gazé durant la première guerre mondiale. Il est rejoint dans les semaines qui suivent par de nombreux religieux et civils dont Jacques Péricard qui prendra la tête de la ligue DRAC. Cette association a pour but d’obtenir « la reconnaissance des libertés individuelles des religieux anciens combattants et de leurs droits civiques rendus plus incontestables que jamais par leur loyalisme au service du pays ». Et, en octobre, le révérend père Doncoeur publie une lettre ouverte à Herriot « Pour l’honneur de la France, nous ne partirons pas ».
    Aucun religieux ne quittera le territoire français. Ces lois ne seront abolies que durant la seconde guerre mondiale. Le 3 septembre 1940, l’Etat français promulgue une loi levant les interdictions frappant les congrégations. Ce texte reprend un projet préparé à la fin de la IIIe République. Cette loi est maintenue à la Libération.
    L’association drac existe toujours est fêtera en 2014 ses 90 ans
    http://www.drac-ligue.org/

  12. Rappel historique :
    En 1901 et 1904 la France avait voté en des lois antireligieuses. Celle du 1er juillet 1901 sur les associations introduit une exception pour les congrégations en les contraignant à obtenir une autorisation législative au lieu de faire une simple déclaration en préfecture. Les membres d’une congrégation non autorisée sont interdits d’enseignement. La loi du 7 juillet 1904 interdit l’enseignement à tous les religieux.
    2 500 écoles doivent fermer, les biens des congrégations sont séquestrés et environ 30 000 moines ou sœurs sont contraints à l’exil. Le 2 août 1914, au lendemain de la déclaration de mobilisation générale, ces lois anti-congréganistes sont suspendues par une circulaire du ministre de l’Intérieur, M. Malvy. Les 9 323 religieux revenus d’exil sont mobilisés. 1 237 d’entre eux seront blessés et 1 571 perdront la vie dans les combats. Moins de six ans après la fin de la guerre, le nouveau président du conseil, Edouard Herriot, annonce le 2 juin 1924 l’expulsion des congrégations, la suppression de l’ambassade auprès du Saint-Siège et l’application de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat à l’Alsace et à la Moselle.
    En réponse à ces mesures, le 2 août 1924, est créée la Ligue des Droits du Religieux Ancien Combattant par Dom Moreau, moine bénédictin de l’abbaye de Ligugé, ancien aumônier militaire grièvement blessé et gazé durant la première guerre mondiale. Il est rejoint dans les semaines qui suivent par de nombreux religieux et civils dont Jacques Péricard qui prendra la tête de la ligue DRAC. Cette association a pour but d’obtenir « la reconnaissance des libertés individuelles des religieux anciens combattants et de leurs droits civiques rendus plus incontestables que jamais par leur loyalisme au service du pays ». Et, en octobre, le révérend père Doncoeur publie une lettre ouverte à Herriot « Pour l’honneur de la France, nous ne partirons pas ».
    Aucun religieux ne quittera le territoire français. Ces lois ne seront abolies que durant la seconde guerre mondiale. Le 3 septembre 1940, l’Etat français promulgue une loi levant les interdictions frappant les congrégations. Ce texte reprend un projet préparé à la fin de la IIIe République. Cette loi est maintenue à la Libération.
    L’association drac existe toujours et fêtera en 2014 ses 90 ans
    http://www.drac-ligue.org/

  13. Pour Carthage.
    Vous avez raison et vos chiffres sont justes ; mais n’oubliez pas cependant l’élan patriotique de nombre de séminaristes et religieux, qui se sont présentés spontanément aux bureaux de recrutement ou à leurs casernes.
    N’oublions pas non plus les pasteurs et rabbins, qui ne furent pas les derniers à manifester leur patriotisme.
    Tous ont bien mérité de la Patrie.

  14. Pour Florian 78
    Je vous remercie.
    Ces quelques lignes sont simplement extraites de la conclusion d’un chapitre d’un livre qui doit paraître prochainement. Pour l’aspect patriotique, j’en parle dans d’autres pages.

  15. Pour Carthage,
    J’espère que votre livre aura le bon accueil qu’il semble mériter.
    Bien confraternellement.

  16. @ Carthage : une personne de la DRAC souhaiterait entrer en contact avec vous. Si cela vous intéresse, vous pouvez m’envoyer votre adresse mail à [email protected] et je ferai suivre.

  17. Si la première bataille de la Marne a sauvé la France, c’est tout simplement grâce aux catholiques , persécutés peu de temps auparavant , qui ont fait leur devoir de citoyens.
    La bataille de la Marne fût gagnée par quelques dizaines de milliers de soldats qui n’auraient pas été disponibles si les catholiques avaient quitté le pays comme les protestants après la révocation de l’Edit de Nantes.
    N’en déplaise aux laïcisant franc-maçons .

  18. Un jésuite francophile de la Lorraine annexée dans l’armée allemande, désertant.
    “Un Lorrain dans la tourmente” d’Aloyse Stauder et Pauline Guideman. Éditions du Belvédère, 2012. 257 pages. 18 euros.
    Présentation
    http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/37402
    http://ceuxde14.wordpress.com/2013/09/27/vous-avez-pu-germaniser-la-plaine-mais-notre-coeur-vous-ne-laurez-jamais/

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