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Institutions internationales

Mondialisation et mondialisme

Dans Minute, l'abbé de Tanoüarn revient sur l'encyclique :

"Entendons-nous bien : il y a le
mondialisme, qui est la dernière idéologie
occidentale d’origine américaine,
idéologie qui a pour but la disparition
des nations
dans un melting pot qui
devra permettre l’extension du
modèle américain à l’univers, et il y a
la mondialisation qui est un phénomène
à la fois technologique (Internet est
un instrument, le développement des
moyens de communication en est un
autre) et commercial (parce que le
marché mondial est devenu un fait lui
aussi, un fait qui s’impose à toutes les
entreprises, les pays dits émergents
apparaissant comme la principale
source de richesse à court et à moyen
terme).
[…]

Le pape s’oppose au mondialisme.
A plusieurs reprises dans cette encyclique,
il défend les nations et les identités.
Il insiste aussi sur le rôle de l’Etat
face au marché : « L’économie intégrée
de notre époque n’élimine pas le rôle des
Etats, elle engage plutôt les gouvernements
à une plus forte collaboration réciproque.
La sagesse et la prudence nous
invitent à ne pas proclamer trop tôt la fin
de l’Etat
» (n°41). […]

On a beaucoup reproché au pape
de mettre en avant l’idée d’un gouvernement
mondial au n°67
. Mais que
cherche-t-il, ce faisant, sinon à opposer
au marché mondialisé une instance
politique capable de résister au court-termisme
et à l’impératif du rendement
immédiat ?
Oh ! Il y a là bien sûr
une dimension utopique. Ce qu’il faut
comprendre, c’est que cette idée d’un
gouvernement mondial opposé aux
forces mondialisées d’un marché
devenu centrifuge signifie avant tout,
chez Benoît XVI, un antilibéralisme
viscéral. Il ne se résout pas à laisser le
dernier mot aux impératifs économiques.
Pour lui le marché ne peut pas
être autonome, il est en quelque sorte
sous la tutelle bienfaisante des gouvernements
.
La faiblesse des institutions
internationales, dont Benoît XVI
éreinte au passage l’opacité et le
manque d’efficacité
, invite à poser les
problèmes de régulation non seulement
en termes administratifs, comme on l’a fait jusqu’à maintenant, mais
bien en termes politiques, en faisant
appel à «quelques hommes droits»
(n°71) qui poseront des limites aux
ardeurs spéculatives, destructrices du
« capital social »."

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6 commentaires

  1. Connaissant la douceur évangélique de Benoît XVI, son sens de l’écoute, sa grande finesse et la profondeur de sa réflexion théologique, lui attribuer un antilibéralisme “viscéral” me paraît pour le moins impropre. Je n’ai jusqu’à présent rien trouvé de “viscéral” dans les écrits du Saint Père, qui sont au contraire toujours réfléchis, pondérés et lumineux.

  2. L’utopie a été réalisée non pas par les communistes athées (qui ne sont pas communistes, car ils ne mettent pas leur biens en commun comme les bénédictins, qui sont de vrais communistes au sens propre), mais par les Jésuites au Paraguay.
    Ce fut une des expériences les plus heureuse de l’humanité.
    Il est vrai qu’un gouvernement mondial peu faire peur. Encore une fois le Diable est dans les détails. Quel gouvernement ? Quelle légitimité quand la majorité des états ne sont pas représentatifs de leur peuple et en font le pillage ?
    Pour ce que l’histoire nous montre deux institutions me semblent correctes :
    – la constitution helvétique, fédérale, démocratique, basée sur un parlement élu à la proportionnelle et une chambre des cantons, avec possibilité réelle au peuple de contester les loi par des votations.
    – l’élection de l’empereur du saint empire germanique par une diète, qui évite les pièges de la loi salique et de l’hérédité à tout prix.
    Nous ne sommes pas encore vraiment prêts à un gouvernement mondial, mais il faut en parler dès maintenant à tout le monde sur cette planète. C’est un sujet trop grave pour être laissé aux politiques et aux ploutocrates.
    En attendant nous pourrions avoir une renaissance du saint Empire, avec un Empereur électif, et une constitution copiée le plus directement possible sur la constitution de la confédération helvétique.

  3. Et bien justement le marché autonome n’existe pas dans une économie dirigée par les banques centrales et la manipulation de la monnaie créée en contrepartie de l’endettement d’Etat. Le marché libre n’est qu’une fiction pour abuser le gogo qui croit que nous fonctionnons dans une économie de marché alors que celle-ci est toute entière conditionnée et dirigée par le système bancaire qui détermine l’offre de crédit, donc le financement des acteurs économiques, en fonction de la politique des taux d’intérêt décidée par la banque centrale et de l’offre de titres de dettes par les Etats qui détermine les réserves bancaires. On est en plein keynésianisme, sorte de faux nez de l’économie socialiste. Le problème de ces curés est qu’il ne connaisse rien aux réalités économiques, ce qui leur fait dire des énormités!

  4. A Kantz,
    “L’utopie a été réalisée non pas par les communistes athées (qui ne sont pas communistes, car ils ne mettent pas leur biens en commun comme les bénédictins, qui sont de vrais communistes au sens propre), mais par les Jésuites au Paraguay.”
    Attention à la croyance en l’universalité de certains modèles sociaux! L’expérience des réductions jésuites appartient à un pays, le Paraguay, pour qui elle représente sans doute un accomplissement du bien commun.
    Après, je ne sache pas que l’Eglise en ait recommandé l’extension universelle…
    “Ce fut une des expériences les plus heureuse de l’humanité.”
    C’est à étudier… dans tous les cas, ce n’est pas cela qui eût pu faire disparaître le péché originel!
    “Il est vrai qu’un gouvernement mondial peu faire peur. Encore une fois le Diable est dans les détails. Quel gouvernement ? Quelle légitimité quand la majorité des états ne sont pas représentatifs de leur peuple et en font le pillage ?”
    Le diable peut être aussi bien dans les détails que dans l’idée générale, l’exemple du communisme allant, je crois, dans mon sens!
    “Pour ce que l’histoire nous montre deux institutions me semblent correctes :
    – la constitution helvétique, fédérale, démocratique, basée sur un parlement élu à la proportionnelle et une chambre des cantons, avec possibilité réelle au peuple de contester les loi par des votations.”
    La démocratie helvétique paraît forcément idyllique, si on la compare à notre jacobinisme centralisateur. Mais cette organisation, sans doute adaptée à un pays sans autre unité dans son histoire, n’est pas non plus un modèle universel…
    “- l’élection de l’empereur du saint empire germanique par une diète, qui évite les pièges de la loi salique et de l’hérédité à tout prix.”
    C’est là que je m’étrangle…!!! L’Empereur n’a jamais eu qu’une autorité virtuelle, son empire n’étant qu’un assemblage de principautés indépandantes. Ajoutons à cela les querelles de succession à chaque élection, et vous comprendrez que nous préférions la loi salique et l’hérédité, qui, EUX, ont précisément assuré le bien commun pendant des siècles…
    Il vaut quand même mieux étudier les faits, avant d’écrire!
    “Nous ne sommes pas encore vraiment prêts à un gouvernement mondial, mais il faut en parler dès maintenant à tout le monde sur cette planète. C’est un sujet trop grave pour être laissé aux politiques et aux ploutocrates.”
    C’est un catholique qui parle??? Le formidable de ce propos, c’est de pousser dans le même sens que les ennemis de l’Eglise, en espérant que, contrairement aux deux siècles de gouvernements démocratiques, on arrive à les prendre de vitesse, et être plus malins qu’eux…
    “En attendant nous pourrions avoir une renaissance du saint Empire, avec un Empereur électif, et une constitution copiée le plus directement possible sur la constitution de la confédération helvétique.”
    Et puisque nous sommes dans l’idéologie et l’abstraction pures, pourquoi pas renouer avec certaines théories médiévales, et mettre la couronne impériale sur la tête du Pape?
    A ce stade-là, on en est à une telle négation de l’expérience et des lois naturelles que, heureusement, le sérieux est parti depuis longtemps…
    En un mot, gare à l’idéologie, surtout à saveur chrétienne!!! Dans l’abstrait, il est facile de passer de l’échelle d’un canton de quelques milliers d’habitants à des pays de millions de citoyens.
    Mais la pratique, c’est-à-dire l’Histoire, montre que la plus grande circonspection est nécessaire, et que le bien commun ne sort JAMAIS de la négation des légitimes (Léon XIII, Diuturnum) particularismes locaux: le mondialisme, même inversé et baptisé à la hâte, reste une idéologie, et donc anti-chrétien.

  5. Mais justement, peut on comparer l’universalité de l’Eglise, règne avant tout spirituel, sur les âmes,(même si elle a besoin du soutien des Etats, mais qui lui restent indépendants) et le mondialisme? peut on vraiment envisager le mondialisme totalement indépendant de l’esprit de la tour de Babel? En effet comment gouverner réellement tant d’Etats, de continents, si différents, sans aucune histoire commune? Ceci en gardant à la fois la subsidiarité, l’autonomie, nécessaire à chaque nation à l’histoire propre de chaque peuple, tout en gardant un regard humain et pas déconnecté du réel. Cet appel à un ralliement au plus haut degré qu’il n’est jamais été possible me semble trés difficilement réaliste, de fait, même si on le sent plein de bonnes intentions.

  6. Sur son Metablog, l’abbé de Tanoüarn répond à iktus310 :
    http://ab2t.blogspot.com/2009/07/visceral-benoit-xvi.html

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