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France : Politique en France

Distinguer le “moindre pire” et le “moindre mal”

Dans Présent de demain, Rémi Fontaine répond à Hugues Kéraly. Extraits :

"En s’inspirant du discours de Benoît XVI, peut-être serait-il temps de rompre avec ce système idéologique et d’essayer au moins autre chose, sans pour autant se retirer du monde ou de la politique et de ses jeux d’alliance inévitables. […] Puisque Hugues Keraly se réclame volontiers de son passé à Itinéraires et au tout début de Présent aux côtés de Jean Madiran, je lui conseille de relire La République du Panthéon (DMM, 1982) où était développée une interprétation du « pas d’ennemi à droite » qui ne me semble pas concorder tout à fait avec le « programme commun » Sarko-Marine qu’il revendique aujourd’hui. Avec l’attention explicite à la loi naturelle (et, aujourd’hui, aux principes non négociables), c’est une question de sens et de priorité…

Malgré l’infléchissement de la doctrine du Front national, Marine Le Pen peut, après son père, apparaître encore – par sa situation et son discours manifeste de rupture – comme la représentante d’un moindre mal possible, inversant notamment la décadence sur les points essentiels (y compris le respect de la vie). C’est du reste l’avis de Bruno Gollnisch. Sarkozy, lui, s’avère être seulement le gérant maladroit du déclin, le représentant d’un moindre pire qu’on ne peut plus confondre avec de la saine prudence politique. C’est évidemment sur le moindre mal que devraient d’abord se rallier les catholiques cohérents (fidèles à la doctrine sociale de l’Eglise), à l’exclusion du moindre pire.

Jusqu’à présent, au nom du vote (d’idiot) utile, d’un faux bipolarisme républicain et de pronostics médiatico-politiciens dictés par Big (Br)Other, les Chiraco-Sarko-cathos ont prôné exactement l’inverse, faisant fi d’opportunités flagrantes. Ralliant le camp du moindre pire à l’exclusion du moindre mal, ils ont évidemment affaibli et pénalisé ce dernier, empêchant toute éventualité d’un redressement moral et politique par l’émergence raisonnable d’une alternative à l’UMPS. Les ralliements personnels ou communautaires, s’ils sont possibles et souhaitables, ne devraient pas se faire du moindre mal au moindre pire (dans le sens de la gauche et de sa praxis) mais du moindre pire au moindre mal. Voici la révolution copernicienne à laquelle sont appelés les Sarko-cathos. Un pas d’ennemi à droite bien compris, qui est au pas d’ennemi à gauche ce que la Contre-révolution est à la Révolution : non pas une Révolution contraire mais le contraire de la Révolution !

[…] N’est-ce pas, au reste, ce qu’avaient bien compris les premiers chrétiens avec la double et unique loi divine (Décalogue et Béatitudes) inscrite dans leur cœur, qui leur faisaient refuser de brûler les trois grains d’encens en l’honneur des dieux dans la cité ? Ce ne fut certes pas sans martyrs ni sans échecs apparents mais on sait comment ce fut le « pivot » (Chesterton) de l’histoire de l’humanité et la semence d’une civilisation sans précédent. Ce n’est plus sur trois grains d’encens qu’il s’agit aujourd’hui de céder ou ne pas céder religieusement mais sur trois points relatifs à la loi (morale) naturelle, au sujet desquels Benoît XVI nous demande de ne pas transiger politiquement. Car ce sont trop souvent nos compromissions qui font perdre les batailles."

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15 commentaires

  1. Et bien sur, le moindre mal d’aujourd’hui deviendra très vite le moindre pire de demain!
    C’est une condition nécessaire pour exister en démoncratie! ( voir l’exemple de Le Pen père et de ce qu’est devenue Le Pen fille)
    Imaginez ce que sera Le Pen III.
    Mais ce n’est pas grave en votant pour le moindre mal qui demain, voire cette après-midi sera le moindre pire on a l’impression d’avoir rempli son devoir civique!
    Allez pas d’angoisse, il n’y en a plus pour très longtemps!
    Ce n’est pourtant pas très difficile de comprendre que le carburant de la Révolution, c’est le suffrage universel/
    http://www.viveleroy.fr/Principe-du-moteur-de-la,71

  2. et si le PS arrive au pouvoir, cela donnera quoi au niveau de la loi naturelle ?

  3. Y’a de l’idée mais si on commence à distinguer le moindre pire du moindre mal, on va noyer le pauvre électeur qui ne s’en sortira pas (il est déjà largué).
    C’est la conclusion qui est importante : intransigeance sur les points non négociables.
    Vu comment ça bouillonne autour du vote catholique, on a une vraie carte à jouer là-dessus : il est douteux que le vote catholique soit à 5% comme annoncé sinon « ils » n’en feraient pas autant 1 an avec l’échéance…
    C’est à nous de les faire plier , pas le contraire.
    On ne le demande pas de se convertir – même si on peut le souhaiter – mais simplement de s’aligner sur les points non négociables, qui sont ceux que TOUT LE MONDE peut aisément partager.

  4. Si je comprends bien, ne serait-ce pas la question même de l’existence ou non de la mission surnaturelle de Jeanne d’Arc et de la recherche du Royaume de Dieu et de Sa Justice, qui se poserait à travers ce débat et quelques autres informations adjacentes étroitement liées, Karl Marx oblige ?
    ” Jeanne d’Arc était-elle d’extrême-droite, de droite extrême, de l’ultra-droite ou du Royaume de France et cherchait-elle le Royaume de Dieu et Sa Justice ?
    Pour illustrer la mission de Jeanne d’Arc pour notre temps :
    http://cril17.info/

  5. Excellent, tout est dit.
    Dur dur tout de même de ce dire qu’en 2012 c’est pour Marine qu’il faudra voter…

  6. à Ragnar Lodbrok et raphael charles :
    Vous semblez avoir déserté toute forme de pensée. C’est dommage. A vous lire, on se sent vraiment loin du temps où la monarchie pouvait incarner une réelle alternative politique. L’intelligence n’a-t-elle décidemment plus d’avenir ?

  7. c’est très bien vu!

  8. Concernant une question clé comme l’avortement, on ne peut pas demander l’impossible à Marine Le Pen, comme abolir aussitôt la loi sur l’avortement si elle arrivait au pouvoir dans des conditions difficiles. Si nous le voulons, c’est à nous de contribuer à un changement de mentalité dans l’opinion. La politique a ses limites et ne dispense pas les cityens de l’exercice de leur propre responsabilité. Avançons par étapes et reconnaissons l’autonomie relative du politique par rapport au religieux.

  9. @ Jacques
    La politique est toujours le domaine du moindre mal : sans quoi nous serons déjà au paradis.

  10. @ Bernard Mitjavile
    On ne lui demande pas cela : on lui demande de le vouloir et de mettre une politique qui la mettra en œuvre.
    Marine Le Pen aujourd’hui est clairement pro-avortement : c’est ça que les catholiques lui reprochent.
    Personne ne lui reprocherait une fois élue de mettre une politique qui ait POUR FIN l’abolition de l’avortement, même si cette politique devait avoir de nombreuses étapes…

  11. Jacques, rien ni personne ne vous y oblige, au contraire même…

  12. cb a écrit :
    ” à Ragnar Lodbrok et raphael charles :
    Vous semblez avoir déserté toute forme de pensée. C’est dommage. A vous lire, on se sent vraiment loin du temps où la monarchie pouvait incarner une réelle alternative politique. L’intelligence n’a-t-elle décidément plus d’avenir ? ”
    Ne souhaitant pas abuser de la très bienveillante hospitalité du SB, je suis obligé de me contenter d’accuser réception de votre amusante question destinée – semble-t-il – à évoquer le célèbre “L’avenir de l’intelligence ” de Charles Maurras !…
    Votre question est en effet très amusante, car à vous lire, on est appelé à se demander comment l’intelligence a-t-elle pu habiter le désert que la monarchie n’en finit pas d’habiter depuis bientôt deux siècles ! …

  13. ERRATUM :
    Merci aux lecteurs qui auront corrigé d’eux-mêmes la mauvaise formulation qu’ils auront remplacée par :
    ” Votre question est en effet très amusante, car à vous lire, on est appelé à se demander comment l’intelligence a-t-elle pu habiter le désert que la monarchie n’en finit pas de traverser depuis bientôt deux siècles ! …”

  14. cb,
    Vous auriez du lire le lien:
    http://www.viveleroy.fr/Principe-du-moteur-de-la,71
    article écrit par des gens que je sais reconnaitre plus intelligents que moi.
    Je signe totalement ce qu’a écrit raphael charles, et je m’amuse de voir dans ma bibliothèque le livre de Maurras juste à coté d’un autre livre qui pourrait répondre à votre question.
    Il s’agit de “L’intelligence en péril de mort” de Marcel De Corte.
    Parions que ce livre n’est pas votre tasse de thé!

  15. Jacques dit que cela va être dur de voter pour Marine Le Pen. Personnellement, je vais m’éviter cette peine en ne votant pas pour elle ! Je ne vois pas pourquoi je le devrais quand je considère que sur toutes les valeurs en lesquelles je crois profondément elle n’est pas en accord. Il y a comme un problème. Et je précise que je voterai encore moins pour Nicolas Sarkozy. A force de baisser le niveau d’exigence, on finit par tout accepter. Je refuse d’entrer dans ce cercle vicieux.

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