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L'Eglise : Benoît XVI

Chercher les racines profondes de la foi plutôt que la liberté sociale

Extraits de l'homélie du Pape aujourd'hui à Erfurt :

E "Chers frères et sœurs, ici, en Thuringe et dans ce qui était alors la République Démocratique d’Allemagne, vous avez dû supporter une dictature brune [nazie] et une dictature rouge [communiste], qui ont produit sur la foi chrétienne l’effet d’une pluie acide. De nombreuses séquelles de cette époque se font encore sentir, surtout dans le domaine intellectuel et religieux. Dans leur majorité, les habitants de ce pays vivent désormais loin de la foi au Christ et de la communion de l’Église. Pourtant, dans les deux dernières décennies, on a pu observer aussi des expériences positives : un horizon plus dégagé, un échange au-delà des frontières, une certitude confiante que Dieu ne nous abandonne pas et nous conduit sur des chemins nouveaux. « Là où est Dieu, là est l’avenir ».

Nous sommes tous convaincus que la nouvelle liberté a aidé à donner à l’homme une dignité plus grande et à ouvrir de nombreuses possibilités nouvelles. Du point de vue de l’Église, nous pouvons souligner avec gratitude que beaucoup de facilités ont été accordées : de nouvelles possibilités pour les activités paroissiales, la restructuration et l’agrandissement d’églises et de centres paroissiaux, des initiatives diocésaines de caractère pastoral ou culturel. Mais pour nous demeure ouverte cette question : ces possibilités se sont-elles accompagnées d’une croissance dans la foi ? Ne faut-il pas peut-être chercher plus profondément les racines profondes de la foi et de la vie chrétienne que dans la liberté sociale ? C’est précisément dans la situation difficile d’une oppression extérieure que de nombreux catholiques résolus sont restés fidèles au Christ et à l’Église. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Ces personnes ont accepté d’être désavantagées au plan personnel pour vivre leur foi. […]

Les saints nous montrent d’abord qu’il est possible et qu’il est bien de vivre de manière radicale le rapport avec Dieu, de mettre Dieu à la première place et non n’importe où, confiné dans le dernier coin. Les saints nous font comprendre la réalité que, pour sa part, Dieu s’est le premier tourné vers nous. Nous ne pourrions pas Le rejoindre, nous jeter n’importe comment dans l’inconnu, s’Il ne nous avait d’abord aimés le premier, s’Il n’était venu à notre rencontre le premier. Après qu’Il se soit rendu proche des pères en les appelant, Il s’est montré à nous Lui-même dans le Christ Jésus, et Il continue à se montrer en Lui. Le Christ vient aujourd’hui aussi à notre rencontre ; Il parle à chacun, comme Il l’a fait auparavant dans l’Évangile ; et Il invite chacun de nous à L’écouter, à apprendre à Le comprendre et à Le suivre. Les saints ont mis en valeur cet appel et cette possibilité ; ils ont reconnu un Dieu concret ; ils l’ont vu et écouté ; et ils sont allés à sa rencontre, ils sont allés avec Lui ; ils se sont laissés –pour ainsi dire- contaminer par Lui et ils se sont tendus vers Lui depuis ce qu’ils avaient de plus intime – dans le dialogue continuel de la prière – et ils ont reçu de Lui la lumière qui leur a ouvert la porte de la vraie vie.

La foi est toujours aussi essentiellement un croire avec les autres. Personne ne peut croire seul. Nous recevons la foi –ainsi nous l’enseigne saint Paul- à travers l’écoute, et écouter est nécessaire pour l’être ensemble, corps et esprit. C’est seulement dans le grand être ensemble des croyants de tous les temps, ceux qui ont trouvé le Christ et ceux qui se sont laissés trouver par Lui, que je peux croire. Le fait de pouvoir croire, je le dois d’abord à Dieu qui s’adresse à moi et, pour ainsi dire, allume ma foi. Mais, très concrètement, je dois ma foi à ceux qui me sont proches, qui ont cru avant moi et qui croient avec moi. Ce grand avec, sans lequel il ne peut exister aucune foi personnelle, c’est l’Église. Et cette Église ne s’arrête pas aux frontières des pays, comme le montre la nationalité des saints que j’ai mentionnés : Hongrie, Angleterre, Irlande et Italie. Oui, il est fondamental pour le devenir de l’Église de notre pays, fondamental pour tous les temps, que nous croyons ensemble en dépassant les limites des continents, et que nous apprenions à croire des autres. Si nous nous ouvrons à toute la foi dans toute l’histoire et dans ses témoignages par toute l’Église, la foi catholique a un avenir même comme force publique en Allemagne. Dans le même temps, les figures des saints que j’ai rappelées, montrent la grande fécondité d’une vie avec Dieu, de cet amour radical pour Dieu et pour le prochain. Les saints, même là où ils sont peu nombreux, changent le monde, et les grands saints demeurent pour tous les âges des forces qui changent.

Ainsi les changements politiques de l’année 1989 dans notre pays n’étaient-ils pas motivés seulement par le désir du bien-être et de la liberté de mouvement, mais, de manière décisive, par la soif de véracité. Ce désir fut entretenu notamment par des personnes qui étaient totalement au service de Dieu et du prochain, et qui étaient disposées à faire le sacrifice de leur vie."

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