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Histoire du christianisme

Notre-Dame de Myans, refuge protecteur

À la suite d’une grave catastrophe naturelle ayant épargné une statue de la Vierge Marie, les premiers pèlerins se rendent au sanctuaire de Notre-Dame de Myans (Savoie) dès le XIIIe siècle témoignant ainsi de leur confiance en Marie.

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Du père Jean Bianchi, ancien recteur du sanctuaire de Notre-Dame de Myans :

"Le village de Myans (environ 1 145 habitants) est avant tout caractérisé par son sanctuaire marial dédié à Notre Dame de la Nativité.  Cher au cœur des Savoyards, ce dernier se trouve à quelques kilomètres au sud-est de Chambéry, au milieu d'une région de vignes, au pied du célèbre massif de la Chartreuse. Perchée au sommet d'un clocher depuis 1855, la statue de la Vierge dorée en signale le site, jour et nuit, aux voyageurs du train ou de l'autoroute.

Les premiers écrits faisant mention de Notre-Dame de Myans remontent au XIe siècle. Il ne s’agit alors que d’un petit oratoire rural. Mais c’est au XIIIe siècle, qu’elle va prendre une importance considérable. Une grande catastrophe naturelle : l'effondrement d'un pan de la falaise proche, déclenche un glissement de terrain meurtrier le 24 novembre 1248. L’effondrement du Mont Granier recouvre par 500 millions de m3 de terre et de roches tous les villages se trouvant sur sa coulée : cinq villages sont rayés de la carte, dont le gros bourg de Saint-André, et on évoque plusieurs milliers de victimes. On dit que c’est la pire catastrophe naturelle de l’histoire des Alpes ; elle donne naissance au massif qu’on appelle les Abymes de Myans. Étonnamment, la petite chapelle de campagne dans laquelle se trouve une statue de la « Vierge Noire » est épargnée : la coulée s’est arrêtée juste devant l’entrée. Le petit groupe des moines bénédictins de Saint-André dit aussi devoir la vie sauve à la protection de la « Noire » non loin de leur chemin. Les gens de l’époque voient en cela un signe du Ciel qui donne spontanément naissance à un pèlerinage.

On ne trouve à Myans ni apparitions, ni révélations, mais simplement une confiance en Marie, que l'on invoque ici comme protectrice. Elle a protégé jadis en ce lieu une poignée de voyageurs des énormes rochers de l'éboulement ; elle continue à protéger ses enfants d'aujourd'hui de bien des rochers d'une autre nature que géologique : athéisme, indifférence spirituelle matérialisme, hédonisme, manque de confiance en la Providence, etc. Le prodige le plus fameux est le sauvetage du Savoyard Jean Grandis, seul survivant en 1534 du naufrage d’un bateau portant plus de 500 passagers au large de Livourne, en Italie. S’étant confié à Notre Dame de Myans, il revint pieds nus d’Italie et fit placer dans la chapelle un ex-voto, détruit comme beaucoup d’autres à la Révolution.

Les nombreux pèlerins qui s’y arrêtent peuvent en entrant dans le sanctuaire, contempler du premier regard deux églises superposées. Fait rare : un seul autre sanctuaire présente cette caractéristique : celui de Bethléem. Il faut descendre quelques marches pour accéder à la partie inférieure du sanctuaire, communément appelée la « crypte », oasis de silence et de recueillement. La Vierge Noire, endommagée mais sauvée in extremis à la Révolution, richement vêtue et couronnée en 1905, se trouve ici, au fond du chœur avec l’enfant Jésus. Tout a été bâti autour d’elle pour accueillir visiteurs et pèlerins venus prier ou déposer son fardeau à ses pieds. 

C’est au milieu du XVe siècle, soit deux cents ans après sa naissance, que le pèlerinage prend un essor important sous l’impulsion du comte Jacques de Montmayer qui y installe en 1458 des moines franciscains pour bâtir un monastère et s’occuper des pèlerins. Très rapidement, la chapelle primitive s’avère très fréquentée, et l’on procède à la construction d’une église supérieure pour les offices des franciscains. C’est ce qui explique, dès 1466, la structure originale des deux églises superposées qu’on peut toujours admirer de nos jours. L’édifice est encore agrandi en 1498. Au XVIIIe siècle, 6 à 7000 personnes affluent chaque 8 septembre, fête solennelle de la Nativité de Marie. Après la Révolution, le sanctuaire devient l’église paroissiale de Myans, qui obtient le statut de commune en 1881.

Une décoration originale ajoute à la beauté du lieu, qu'aiment parfois exalter les musiciens, choristes ou instrumentistes. Tous ceux qui passent à Myans voient les remarquables fresques réalisées en 1936 par Léon Raffin, disciple du peintre Maurice Denis : sur les côtés se trouvent les saints savoyards, sur la voûte une magnifique Vierge. À l’entrée du chœur, est représentée la scène de l’éboulement du Granier, fondatrice du pèlerinage tel que la légende le décrit. Le chœur, fait de marbre de Carrare et de dorures, est la réplique d’une chapelle latérale de la basilique Saint-Marc de Venise.

Une maison de rencontres spirituelles, adossée à l'église et au magasin, a été bâtie dans les années 1940 et restaurée dans les années 1970. Elle accueille à la journée familles, groupes, récollections ou journées de travail des mouvements. Elle comprend actuellement 16 chambres et la restauration est préparée sur place par l’équipe.

Aujourd’hui, on estime entre 80 000 et 100 000 le nombre de visiteurs par an. Les temps forts du sanctuaire sont évidemment les grands pèlerinages diocésains à la belle saison : celui des malades et du monde de la santé le premier dimanche de juillet et le pèlerinage des familles le dimanche de septembre le plus proche de la fête patronale de la Nativité de Marie. Ces jours-là, avec le rassemblement du 15 août, le clos du sanctuaire est plein d'une foule dont les diversités se fondent dans une prière unanime."

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