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Pays : Etats-Unis

La polémique sur le décompte final des voix aux Etats-Unis relève de la mauvaise foi

La chose est assez rare et mérite d'être soulignée. L'Obs vient de produire un article qui détonne dans le paysage médiatique français par son honnêteté intellectuelle et par les informations objectives produites :

Donald-Trump-a-obtenu-une-majorite-des-538-grands-electeurs.-JDD-Data_pics_590"Les partisans de la démocrate soutiennent que Donald Trump est illégitime, ayant remporté moins de suffrages au niveau national. Mais c'est méconnaître la subtilité du système électoral américain (…)

Selon le dernier décompte du "New York Times", et alors que le dépouillement touche à son terme, Hillary Clinton remporte 1 million de bulletins de plus que son concurrent… qui devrait pourtant disposer de 84 grands électeurs d'avance. De quoi susciter la colère de la sénatrice californienne Barbara Boxer : "C'est le seul mandat du pays où on peut obtenir plus de voix et perdre malgré tout la présidence", dénonçait-elle mardi, en déposant (pour la beauté du geste) une proposition de loi visant à supprimer le collège électoral de la Constitution.

"Le collège électoral est un système obsolète et antidémocratique qui ne reflète pas notre société moderne, il doit changer immédiatement. Tous les Américains doivent avoir la garantie que leur voix compte."

Dans 48 des 50 Etats américains, il suffit d'obtenir une seule voix d'avance pour rafler la totalité des grands électeurs. Or Donald Trump a remporté plusieurs Etats-clés d'une courte tête : bien sûr la Floride (29 grands électeurs), de 120.000 voix, mais aussi et surtout la Pennsylvanie (20), véritable surprise du chef, de 68.000 voix. Si ces deux Etats étaient allés à Clinton, la démocrate remportait le scrutin. L'élection a donc basculé sur moins de 200.000 bulletins (soit 0,1% des inscrits), tandis que les 3 millions de voix d'avance de Clinton en Californie ont strictement compté pour du beurre... (…)

11154531Donald Trump soulève un point essentiel en ajoutant que, dans ce système, "faire campagne est complètement différent" d'une élection au suffrage universel direct comme en France. "Si l'élection se fondait sur le total des votes populaires, j'aurais fait campagne dans l'Etat de New York et en Californie, et j'aurais gagné encore plus largement, encore plus facilement", explique-t-il avec sa légendaire confiance en lui.

Le paysage politique américain est en effet si contrasté qu'il est inutile pour un républicain de perdre son temps à tenir meeting à Washington (93% Clinton) ou Los Angeles (71% Clinton). Inutile aussi de rendre visite à ses fidèles du Midwest, où il est assuré de gagner avec 20 points d'avance. Le site de campagne de Donald Trump (…) montre sans ambages que le candidat républicain s'est simplement concentré sur 15 Etats stratégiques. Sur ces 15 Etats-cibles, il en a remporté 9, et lorsqu'il a perdu, c'était par moins de 5 points d'écart. Une parfaite économie de moyens.

Ainsi, les deux tiers du territoire américain sont en réalité délaissés par les campagnes de terrain. Si l'élection se déroulait au suffrage universel direct, en revanche, on peut imaginer que le parti républicain serait bien plus offensif dans les poids lourds démographiques (promis aux démocrates) que sont la Californie, l'Etat de New York et l'Illinois (22% de la population américaine à eux trois). En tout cas, les deux partis principaux tenteraient de quadriller l'ensemble du pays, comme c'est le cas en France.

Dire que Hillary Clinton aurait gagné en se basant sur le vote populaire est donc hasardeux : dans les Etats sans suspense, la participation est tombée à 43%, tandis qu'elle est montée à 69% dans le très disputé New Hampshire. Difficile donc de prédire ce que seraient les scores avec une participation lissée sur l'ensemble du pays. D'autant que les deux candidats ont également adapté leurs discours et leurs arguments aux Etats-cibles qu'ils voulaient séduire : la rhétorique de Donald Trump était ainsi calibrée pour les Etats désindustrialisés de la "Rust Belt", tactique qui s'est avérée payante (…)"

Sur la deuxième carte figurent les résultats comté par comté. Le décompte est également assez surprenant : 

"Sur les 3 113 comtés que compte le pays, en dehors de l'Alaska, le républicain est arrivé en tête dans 2 578. La candidate démocrate doit se contenter de la victoire dans seulement 451 comtés."

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14 commentaires

  1. Et que dire en France où le FN à 2 députés avec plus de 20% des voix… Et les verts qui sont inexistants dans le peuple mais ont de nombreux députés et sénateurs.

  2. En même temps ce n’est pas un pays !
    C’est une fédération d’États et il est normal de devoir emporter chaque État de façon que quelques États ne puissent pas imposer leur choix aux autres.
    Il est donc stupide de vouloir additionner les voix totales.
    On ne peut le faire qu’État par État.

  3. C’est la même chose à Paris. En 2001, Delanoë était minoritaire en voix, mais au delà de 50%, les voix ne comptent plus. rien ne servait à la droite d’avoir 75 % Ou plus dans le XVIème.

  4. Obélix
    C’est 2 députés avec un peu plus de 14%, pas 20%. résultat des législatives 2012

  5. Bastien, ce n’est pas exactement pareil à Paris. Il y a une dose de proportionnelle, n’oubliez pas
    Pour reprendre votre exemple, cela sert, bien entendu, pour la “droite” d’avoir 75% ou plus dans le XVIème, au lieu de 50%. Puisqu’avec 75% elle obtient 1 ou 2 conseillers municipaux de plus que si elle n’obtenait que 50%.
    Avec 50%, la “droite” dans le XVIème obtiendrait 10 élus. Avec 100% elle obtiendrait 13 élus. 3 élus de plus pour elle, mais 3 élus de moins pour son adversaire ! soit un différentiel de 6 voix…
    Ce différentiel peut très bien influer sur le résultat final de l’élection du maire de Paris…

  6. La magouille électorale est un sport international des grands maffieux en rage, ils ne supportent pas de perdre, s ‘étant crus maitres du monde, le grain de sable nommé Trump est venu à point.

  7. Je m’étonne tout de même un peu que l’on puisse, sur ce Salon, défendre un système électoral imparfaitement démocratique où le vainqueur peut-être minoritaire en voix (même si l’histoire et la nature fédérale des Etats-Unis peut l’expliquer) tout en considérant parfaitement anti-démocratique le mode de scrutin parlementaire en France (pas de proportionnelle et presque pas de représentation pour le premier parti de France, le FN) ou le fait qu’il faille demander au Parlement l’autorisation pour déclencher le Brexit au Royaume-Uni (alors qu’il est évident pour n’importe quel spécialiste de droit constitutionnel britannique, que la souveraineté réside dans le Parlement élu par le peuple)

  8. Bastien a raison : le système américain ressemble à celui en vigueur à Paris… On s’en remet…

  9. Le mensonge et la mauvaise foi sont dans les gênes des journalopes français.
    C’est pourquoi il faut chercher l’information ailleurs.
    Trump a gagné parce qu’il était le meilleur et avait le meilleur programme.
    Espérons désormais qu’il le mette à exécution.
    Pour le FN en 2017, je suis très réservé, ce parti a ratissé tellement large qu’il a perdu son âme et une partie de ses électeurs traditionnels.

  10. Effectivement, que dire en France où l’inique système majoritaire permet à la plus forte des minorités du moment de gouverner la France.

  11. On oublie surtout de dire que Bush a été elu dans les mêmes conditions contre Gore.

  12. Quels mauvais perdants, ces bobo-gauchos… Pour eux, la démocratie est réservée à leur seul usage et commodité !
    Des boulets devenus vraiment trop pesants…

  13. Hillary aurait donc fait campagne sans connaître les règles du jeu? Elle croyait qu’il suffisait d’avoir plus de voix?
    Et Donald, lui, aurait astucieusement visé les états susceptibles de basculer et de rapporter beaucoup de délégués?
    Mais alors, qui c’est la personne sérieuse et compétente et qui c’est la clown?

  14. @fd
    1) parce que les Etats-Unis ne sont PAS une démocratie mais une République. (cf droite constitutionnel américain). En tout cas pas une démocratie comme nous, nous l’entendons. La démocratie ne s’applique que par ETAT et bien sûr par les élections à la Chambre des représentants et des sénateurs.
    2) la démocratie -le tout démocratie- n’est pas un Système idéal. Donc on ne va évidemment pas le défendre !
    PS : Heureusement que j’ai montré en quoi le Système américain ne ressemblait pas au mode des élections des municipales à Paris !

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