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France : Société

Big Brother n’a plus d’autre arme que cette indignation permanente

La Nouvelle Gazette Française a interrogé Laurent Obertone à propos de son dernier ouvrage, La France Big Brother. Extraits :

"Le système Big Brother concède dès l’introduction de l’ouvrage que la matérialisation de la peur collective constitue un système de manipulation globalisée par les instances étatiques. Je cite : « L’idéal pour manipuler les masses, c’est de matérialiser la peur collective, de lui donner un visage. […] Nous avons trouvé beaucoup mieux ». Selon vous, les retombées médiatiques relatives aux attaques de Charlie Hebdo s’inscrivent-elles dans ce type de phénomène d’influence généralisée ? 

Unknown-7Ces attaques sont le fruit d’une incompétence judiciaire flagrante, mais également d’une forme de promotion idéologique. C’est l’aboutissement de la société qui s’est mise en place depuis une décennie, qui explose aujourd’hui en plein vol sous les yeux des caméras. Big Brother est obligé de traiter ces faits car il serait trop violent de les ignorer, alors il essaie d’en retourner le sens et d’agir sur les forces d’appréciations – c’est-à-dire jouer sur les qualités visibles des faits. Par une médiatisation délirante autour du « pas d’amalgame », il crée un esprit de masse en transformant l’événement en une sorte de campagne anti-islamophobie géante. Le gros problème de Big Brother est qu’il n’a plus d’autre arme que cette indignation permanente. Cependant, à chaque utilisation elle perd de sa force, au même titre que dans une campagne publicitaire, lorsque vous utilisez toujours le même produit, il perd de sa valeur. Cette méthode fonctionne encore, par exemple la popularité des individus directement responsables des faits a augmenté, mais c’est une parenthèse très momentanée. Par contre, cet événement est l’occasion d’observer comment procède Big Brother : nul besoin pour lui d’inventer des faits, il convient simplement de les tourner à son avantage, c’est à dire sous l’angle de son utopie. Et surtout, interdire à Monsieur Moyen de s’interroger sur cette utopie : si le vivre-ensemble a échoué, c’est qu’il en faut davantage !

Dans la même veine vous dénoncez régulièrement une compréhension dévoyée de la charité, en disant notamment que « la charité est la forme la plus sournoise de l’égoïsme », ou encore que « il y n’y a pas grande différence entre un kamikaze qui s’écrase sur le pont d’un porte-avion et un médecin qui tente de soigner Ebola au milieu d’un conflit ethnique ». Pensez vous, comme semble également le sous-entendre Michel Houellebecq dans son livre Soumission, qu’une certaine forme de pensée politique considérant que la moralité dispense de l’efficacité soit inapte au combat politique ? 

Cela dépend. Une certaine forme de l’Église participe beaucoup à la passivité et à l’acceptation de Monsieur Moyen. Alors que l’Église devrait s’inscrire dans la durée et s’imposer à son époque, elle a fâcheusement tendance à s’y soumettre avec un empressement assez effroyable. De par ses valeurs d’abnégation et de sacrifice, on pourrait attendre une opposition féroce de la part de ses corps constituant à tout ce qui est en train de se passer, or ce n’est absolument pas le cas. Au contraire, toutes ces valeurs sont reprises dans le sens du progressisme pour les transformer en une forme de charité humanitaire internationale non dirigée dans le sens des intérêts des peuples chrétiens historiques. Il existe cependant beaucoup de chrétiens défendant les valeurs traditionnelles, populaires, éternelles et durables de l’Église d’origine. Ceux-ci ne transigent pas avec les modes morales du moment et les valeurs de Big Brother. En revanche, la haute hiérarchie de l’Église française m’y semble très largement soumise.

[…] Je pense que le trans-humanisme a un grand avenir ; les mentalités y sont fortement préparées, notamment dans les milieux hyper urbains privilégiés. Toute l’idéologie qui consiste à nier la différence entre les sexes, la filiation, la famille, montre qu’on nous y prédispose. Preuve en est que dans ces milieux, la Gestation Pour Autrui, le commerce de l’embryon, etc…, ne posent pas de problèmes d’éthique ; cette négation du matériel génétique, qui prédispose naturellement chaque individu par l’hérédité, prête à penser que le trans-humanisme a un très grand avenir au sein de notre société. Même s’il n’est pas encore formalisé, il existe déjà de fait car les mentalités sont préparées à sa réception et que les individus, bien qu’assez peu informés sur le sujet, en récitent les principaux énoncés."

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