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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Appel international pour « restaurer la dignité de la liturgie et de la musique dans l’Église »

Plus de 200 personnalités viennent de publier un appel international pour huit propositions concrètes susceptibles de contribuer à « restaurer la dignité de la liturgie et de la musique dans l’Église ». La liste des signataires de ce texte traduit en six langues est consultable sur le blog Altare Dei. Extraits des propositions :

Rs20170307204648_tribune"[…] On assiste à une perte de l’intelligence de "la forme musicale de la liturgie", c’est-à-dire de ce que la musique fait partie intégrale la liturgie dans son essence : culte de Dieu public, officiel, solennel. Il ne nous revient pas de chanter à la messe, mais bien de chanter la messe. Ainsi, comme nous le rappelle Musicam Sacram, la part du prêtre doit être chantée selon les tons donnés dans le missel, les fidèles faisant les répons ; le chant de l’ordinaire de la messe en chant grégorien ou en musique qui s’en inspire est à encourager ; et les propres de la messe aussi devraient jouir de la primauté qui convient à leur prééminence historique, à leur fonction liturgique et à leur profondeur théologique. Il en va de même du chant de l’office divin. La « paresse liturgique » trouve son expression dans le refus de chanter la liturgie, dans l’emploi d’une « musique purement fonctionnelle » plutôt que de la musique sacrée, dans le refus de s’éduquer soi-même ou d’autres que soi sur la tradition et les vœux de l’Église, et dans le peu ou l’absence d’effort et de ressources consacrés à l’établissement d’un programme de musique sacrée.

Cette perte de l’intelligence liturgique et théologique va de pair avec l’adhésion au sécularisme. Le sécularisme des styles de musique populaires a contribué à une certaine désacralisation de la liturgie, alors même que le sécularisme du commercialisme motivé par le profit a renforcé l’imposition de collections de musique médiocres au niveau des paroisses. Ce qui a encouragé un certain anthropocentrisme dans la liturgie aux dépens de sa nature propre. […]

Il y a, au sein de l’Église, des groupes qui militent en faveur d’un « renouveau » qui ne reflète pas l’enseignement de l’Église et qui sert plutôt leur programme, vision du monde et intérêts propres. Il y a parmi les membres de ces groupes des hommes qui occupent des postes-clé leur permettant de mettre en œuvre leurs projets, leur idée de ce qui constitue la culture et leur approche des problématiques contemporaines. Il est des pays où de puissants groupes de pression ont contribué au remplacement effectif des répertoires liturgiques fidèles aux directives de Vatican II par des répertoires de qualité inférieure. […]

Ce mépris du chant grégorien et des répertoires traditionnels est un signe parmi d’autres d’un problème d’envergure bien plus grande : le mépris de la Tradition. Sacrosanctum Concilium enseigne que le patrimoine musical et artistique de l’Église est à respecter et à chérir, car il incarne des siècles de liturgie et de prière et exprime le point culminant de la créativité et de la spiritualité humaines. Il fut un temps où l’Église ne courait pas après les dernières modes ; c’était plutôt elle qui donnait le ton, qui était la créatrice et l’arbitre de la culture. Ce manque d’engagement à l’égard de la tradition a engagé l’Église sur une voie incertaine et sinueuse. L’essai de séparation entre l’enseignement de Vatican II et celui de l’Église avant le concile est une impasse ; le seul moyen d’aller de l’avant, c’est l’herméneutique de la continuité approuvée par le pape Benoît XVI. […]

Une autre cause de la décadence de la musique sacrée, c’est le cléricalisme, l’abus de l’état ecclésiastique et du prestige qu’il confère. Un clergé souvent mal formé dans la grande tradition de la musique sacrée continue de prendre des décisions sur l’embauche et les principes d’action contraires à l’esprit authentique de la liturgie et au renouveau, tant réclamé par l’autorité à notre époque, de la musique sacrée. Le plus souvent il contrevient aux enseignements du Concile Vatican II au nom d’un présumé « Esprit du Concile ». […] 

Il faut que l’éducation au bon goût en musique et en liturgie commence dès l’enfance. Trop souvent des éducateurs sans formation musicale pensent que les enfants sont incapables d’apprécier la beauté de l’art véritable. C’est loin d’être le cas. Par une pédagogie d’éveil à la beauté de la liturgie les enfants recevront une formation propre à les rendre vigoureux, car ils auront reçu un pain spirituel nourrissant plutôt qu’un aliment malsain d’origine industrielle n’ayant du goût que l’apparence (comme par exemple quand les « messes pour enfants » sont accompagnées d’une musique d’inspiration « pop »). L’expérience montre que les enfants exposés à ces répertoires les apprécient et, partant, développent des liens plus profonds avec l’Église. […]

Nous proposons que dans chaque basilique et cathédrale soit encouragée la célébration hebdomadaire d’une messe en Latin (dans l’une ou l’autres des deux formes du rit romain) afin de maintenir notre connexion avec notre patrimoine liturgique, culturel, artistique et théologique. Que tant de jeunes aujourd’hui redécouvrent la beauté du latin dans la liturgie est sûrement un signe des temps qui nous invite à enterrer les combats d’antan et à chercher une approche plus « catholique » qui s’inspire de tous les siècles de la liturgie catholique. Étant donnée la disponibilité de livres, de livrets et de ressources internet, il n’y aura pas de difficulté à faciliter la participation active de ceux qui souhaitent assister à des liturgies en latin. Il faudrait aussi encourager chaque paroisse à offrir une messe entièrement chantée tous les dimanches.

Il faudrait que les évêques missent en priorité la formation liturgique et musicale du clergé. Il revient à celui-ci d’apprendre et de pratiquer les mélodies liturgiques, puisque d’après Musicam Sacram entre autres documents il doit être en mesure de chanter les prières de la liturgie sans se borner à en prononcer les paroles. […]"

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